Luana avait les oreilles qui bourdonnaient. Le vacarme de la grande place l'avait fortement marquée, elle qui était habituée au calme et aux bruits étouffés par la végétation de sa jungle.
Son pas était lent, elle n'était pas pressée. Elle se sentait toujours mieux entourée de verdure, sans personne pour la bousculer et manquer de lui faire rencontrer le sol.

Et le moins que l'on puisse dire était que sa matinée avait été éprouvante. Elle passa sa main moite dans ses cheveux jusqu'à toucher une zone mi poisseuse - mi dure à l'arrière de son crane, vestige de la bagarre du matin. Sa tête avait sauvagement cogné le sol, et maintenant que l'adrénaline et l'empressement du moment étaient passés, elle se sentait un peu étourdie. rien de grave, mais elle serait tout même bien mieux assise devant sa maison de pierres.

Sa besace sur le dos, elle sentait le duvet que formaient les plumes du poulet qu'elle avait rapporté de la ville. Les quelques pommes du fond tapaient dans le bas de son dos à chacun de ses pas. Le soleil réchauffait l'air et la végétation ombrageait son chemin.

Elle était partie depuis les premières heures de la journée et, bien qu'elle ne puisse voir le soleil son ventre lui indiqua qu'il ne devait pas être bien loin de la mi-journée. Elle pressa un peu sa marche, commençant vraiment à avoir une bonne grosse dalle.

Alertée par un bruit anormal dans sa jungle dense, Luana augmenta son attention. Elle n'avait généralement pas trop de problème, comme si les bêtes des alentours étaient habituées à sa présence, mais elle préférait ne pas tenter le diable. Si elle se retrouvait face à une bête sauvage elle était fichue. Non seulement elle et la bagarre, ça faisait 40, mais si elle devait en plus tenir une grosse bébête à distance, ça risquait de s'annoncer très très mal...

Elle resserra sa prise sur son sac, prête à détaler à tout moment, bien qu'elle ne se sentait pas réellement en état pour courir le 200 mètres. Sa maison n'était tout de même plus très loin, bientôt elle pourrait se reposer.

Dans son dos, les bruits s’intensifièrent, jusqu'à ce qu'au détour d'un arbre, elle aperçoive un homme à quelques mètres. Elle se stoppa net, le toisant de loin. Il semblait gentil et non belliqueux, mais Luana préférait ne pas prendre de risque. Des pirates trainaient régulièrement dans le coin, et on ne sait jamais ce qu'un homme peut bien vouloir à une jeune femme lorsqu'ils se retrouvent seuls, loin de tout comme ici.

Il la héla.

« Bonjour, mademoiselle ! Loin de là l'idée de vous infortuner, j'aimerais simplement savoir ce que vous faites seule, dans un endroit aussi dangereux que la jungle de Santa Rosalia ? De plus, je remarque votre état qui est des plus inquiétant, que s'est-il passé ? »


Pour seule réponse, le ventre de la jeune fille émit un grognement tonitruant. Peut-être même que certains avaient pu l'entendre de la ville ! (si si.)
Elle fit une grimace en posant la main sur son estomac. En appuyant sur son ventre, lorsque celui-ci se fut tu, elle répondit à l'inconnu, sans bouger d'un iota.

"Je rentre chez moi. Et vous, que faites vous ici ?"

Lorsqu'il énonça son état lamentable, elle passa sa main libre à l'arrière de son crane.

"Une dingue de la marine qui m'a prise pour un pirate. Il ne recrutent pas que des lumières là bas..."

Elle ne fit pas de commentaire sur ses vêtements sales. Après tout, c'était sa tenue de tous les jours...

« Je me promenais tranquillement dans les parages quand, soudainement, je me retrouve face à vous. »

Luana fronça les sourcils. Cela arrivait-il souvent au commun des mortels de se balader, comme ça, tranquillement dans une jungle dense pleine de bêtes sauvages ? Non.
Et n'allez pas dire "Luana y habite bien, elle !", ceci n'est pas un argument recevable.
Elle avait beau y habiter, elle ne s'y baladait que rarement "comme ça tranquillement" et l’orée de sa maison était truffée de pièges en tous genres.

Toujours méfiante, elle retira sa besace de sur son épaule et la laissa choir sur le sol, les lanières toujours en main. Il semblait pourtant inoffensif. Du genre, gentil. Vraiment.

« Pouvez-vous m'en dire plus sur cette femme qui vous a attaqué ? »

Au souvenir de l'autre toquée, le visage de la jeune fille commença à ressembler à ceci : >:(
Elle ne l'aimait réellement pas cette fille agressive. "La marine est la pour protéger les civils", et son cul, c'est du poulet ?
Rien que d'y repenser, la jeune fille commençait à s'agiter. Lorsqu'elle se mit à parler, elle avait lacher sa besace, reposant sur le sol et avait commencé à marcher en long et en large en agitant les mains dans tous les sens.

"Une espèce de grosse folle blonde ! Une ogresse qui se croit tout permis parce qu'elle porte un insigne sur sa poitrine. "

Elle s'arrêta net et posa les poings sur ses hanches, imitant cette fille qui l'avait cognée.

"Il me semble que ma supérieure a ordonné aux civils de quitter les lieux"

Elle avait pris une espèce de voix nasillarde détestable en faisant une grimace. L'imitation était loin d'être réussi, mais Luana s'en contre fichait. Un petit silmence placa puis elle recommença ses vas et viens.

"Une brute épaisse encore plus débile qu'un ogre des montagnes croisé avec une sangsue !!!!!!!!!"

Sa tirade s'était terminée dans un semblant de cris. Elle haleta quelques instants, prise dans son excitation, sans porter attention à son interlocuteur.

"Vraiment, j'espere qu'elle nourrira les poissons un jour celle-là."

Luana ne faisait jamais dans la demie mesure et pouvait passer du rire aux larmes ou du calme à la colère en quelques instants. Vivant seule depuis plusieurs années et ne côtoyant guère d'autres être vivants que des moustiques, on pouvait dire qu'elle était bizarre. Elle ne connaissait pas les codes, les usages et autres formes de politesse. Elle réagissait au quart de seconde, donnant le fond de sa pensée. Mais cela la rendait parfois dure à suivre.

Cependant, Luana n'était pas malheureuse comme cela, au contraire. Elle était tranquille et faisait sa petite vie tranquille. Et ce n'était pas ses maigres rencontres qui l'en avait dissuadée.
Aux paroles du jeune homme, elle arrêta net de pester et de bouger.

« Gardez votre calme, demoiselle ! Je ferais en sorte que cela ne se reproduise plus. Cependant, je vous conseil vivement d'envisager un déménagement, bien que ce soit difficile dans vos conditions, mais au vu des nombreux pirates qui rôdent dans les environs, je vous assure que votre sécurité n'est plus garantie. »


Déménager ? Oui bien sur.

Autrement dit, c'était hors de question. Elle n'irait jamais vivre en ville ou à sa périphérie. Jamais. Elle était très bien dans SA jungle, dans SA vieille maison, SEULE ("MON MARAIS, A MOI !").
Elle vivait là depuis des années avec sa grand mère ermite qui était un peu dérangée sur les bords. Acariâtre, elle s'était retirée ici avec la petite. C'était son chez elle.

La proposition du jeune homme la calma donc aussitôt. Elle ramassa sa besace et la balança sur son épaule, nonchalamment. C'est en le regardant droit dans les yeux qu'elle lui répondit.

"Non merci."

Deux mots. Court, simple.

Le jeune homme paraissait mal à l'aise. Comme souvent, il arrivait un moment avec Luana où on prenait conscience du fossé qu'il pouvait y avoir entre elle et les autres. Pas spécialement timide ou renfermée, elle était juste de l'autre coté de la crevasse. Et aujourd'hui n'était pas une exception.

Elle regarda le jeune homme quelques instants, ne sachant quoi faire. Il la bombardait de question et affirmait que ses intentions étaient louables. Peut-être n'était-il pas un menteur... Elle décida de lui laisser le bénéfice du doute.

"Je vis un peu plus loin, dans une maison en pierres. Et oui, seule. Avant je vivais avec ma grand mère mais elle est morte, donc bon..."

Haussant les épaules elle se gratta la nuque.

"C'est pas si terrible que ça vous savez. Je me nourris en général de quelques fruits aux alentours, j'ai une vache et à une petite demie heure de marche il y a la ville."

Elle attrapa le poulet dans sa besace et le brandit devant elle.

"Vous voyez."

Le poulet avait une sale tête. Sans s'en préoccuper elle le rangea dans son sac.

"Peut-être que pour vous mes conditions de vie sont exécrables, mais moi j'ai la liberté. La liberté de faire ce que je veux, quand je veux."

Elle lui fit un petit sourire en espérant qu'il ne prenne pas mal ses paroles.

C’était vraiment un drôle de personnage. Un personnage de la marine qui plus est, qui l’avait écoutée quasiment insulter un autre officier, soldat ou on ne sait quoi de cette même marine… La loose.
Et, en prime, il l’invitait à habiter CHEZ LUI. Normal. C’était bien la première fois qu’on la traitait ainsi. D’habitude les gens se fichaient royalement des conditions dans lesquelles elle vivait. Elle passait inaperçue et semblait bizarre, alors on la laissait tranquille.

Et maintenant on l’invitait, on la forçait presque à aller vivre dans une baraque qui devait être immense… Il avait même parlé de serviteurs !
Elle s’était toujours que si elle devait finir un jour dans une grande maison comme ceci, ce serait elle la domestique. Comme quoi…

En quelques pas, il me rejoignit et me fourra les clefs dans une main, avant de faire demi tour, ni une ni deux.
Il lui lança une dernière phrase à la volée avant de disparaître derrière la végétation.
Normal.
Maintenant les officiers de la marine rencontraient une jeune fille, lui filaient leurs clefs et repartaient ni une ni deux en parlant de confiance.

Mais, et si elle était du genre à piquer l’argenterie et à s’en aller ? Et si en vrai elle avait été une drôle de pirate de bas étage ?
Elle resta un petit moment, seule, à réfléchir. Et si ?
Elle hésitait.
Deux choix s’offraient à elle : Elle pouvait continuer sa vie, retourner chez elle et balancer les clés ou alors partir à l’aventure. Après tout, ce n’était pas comme si elle avait grand chose à perdre.
Elle serra le petit trousseau dans sa main puis le fourra dans sa besace qu’elle balança sur son épaule. Il lui restait du chemin avant d’arriver chez elle, et encore plus avant d’arriver chez… L’homme qui lui prêtait sa maison, sans rien en retour, donc elle ne connaissait même pas le nom.

Elle espérait ne pas se lancer dans une combine louche.
Déterminée, elle repartit d’un bon pas en direction de sa petite maison. Elle avait des bagages à faire (ce qui lui prendrait peut-être 5 minutes), puis une maison à trouver !

Une fois arrivée chez elle, Luana s'était laissée tomber sur les petites marches devant la porte d'entrée, en sueur. Il commençait à faire sacrément chaud... Sa besace à son coté elle resta une bonne dizaine de minutes sans bouger pour se reposer.
Elle souffla une dernière fois puis tapa dans ses mains en se redressant.

"Allez, c'est parti mon kiki !"

Elle choppa sa besace par les sangles et entra dans sa demeure. En quelques minutes elle avait réuni toutes ses affaires : Quelques vêtements, une vieille brosse à cheveux et... Voilà." L'essentiel de ses biens n'étaient pas des vêtements ou de quoi se toiletter...
Elle déposa son petit sac sur la table de la pièce qui lui servait de cuisine, et réfléchit à la suite des opérations, les mains sur les hanches.

Elle commença par grignoter un bout de pain qui lui restait pour faire taire son ventre, avant d'emballer quelques objets qu'elle tenait encore de sa grand même : un peu de vaisselle et une broche brillante qui était peut-être en or, elle ne savait pas trop... Elle enfourna le tout et ressortit de sa maison, son sac sur le dos, sa besace à l'épaule. Elle ne comptait pas laisser son poulet ici, tout de même.

Elle resta un petit moment à regarder sa maison. Elle reviendrait, de toutes façons...
La jeune fille se dirigea ensuite vers un petit abris lui servant de grange. Madeleine la vache l'attendait sagement. Elle lui passa une corde autour du cou, qu'elle noua de façon a ne pas étrangler la bête, puis se mis en route, la vache derrière elle.

"Allez Madeleine, on part à l'aventure !"

Elle mis une bonne demie heure avant d’apercevoir, au loin, une grande maison. Elle se figura que ça devait être celle de l'inconnu et se dirigea à travers jungle doit sur elle.
Une dizaine de minutes plus tard, elle entrait dans le domaine. Des personnes se tenaient dans la maison, elle avança sans hésiter, sa vache meuglant à tue tête derrière elle.

Un sifflement retenti dans son dos.

Elle s'arrêta net et se retourna. L'homme de tout à l'heure était à nouveau là. Il n'était plus tiré à quatre épingles, et son visage était couvert d'égratignures.
Il s'approcha de moi, un peu essoufflé.

« Pardonnez-moi, j'avais oublié d'avertir votre visite à mes hommes. Ils sont très courtois malgré les apparences, respectez seulement les règles de vie et vous vous amuserez tous. Respecter des règles ne veut pas dire que vous ne serez pas libre. Vous êtes notre invitée d'honneur. A présent, je pense devoir repartir, avez-vous autre chose à rajouter ? »

Elle le gratifia d'un grand sourire. Elle n'était pas sure de se sentir à son aise au milieu de gens si bien élevés, surtout en tant qu'invitée d'honneur mais cela était gentil. Elle n'avait à priori qu'une seule question, qu'elle lui posa de but en blanc.

"C'est quoi ton nom?"

Le tutoiement était venu tout seul, résultat de la mauvaise éducation de la jeune fille. Mais à la vue de son nouvel habitat, peut-être cela changera-t-il...

HRP : Oups… Je viens seulement de remarquer qu’effectivement tu m’avais déjà dit ton nom… boulet XD

Un Homme s’approcha de Luana et tendit la main pour qu’elle lui donne la corde à laquelle était attachée Madeleine. Elle jeta un dernier coup d’œil à la bête, qui avait sacrément besoin d’un bon bain et de prendre quelques repas.
Elle pos sa main sur son flanc et la caressa quelques instants avant de déposer la corde dans la main de l’inconnu.

« Va, ma belle… »

Elle adorait cette vache. Ils avaient intérêt à bien s’occuper d’elle… Mais elle n’en doutait pas vraiment. Elle serait même surement bien plus dorlotée que n’importe quelle vache.
Un dernier soupir et l’homme embarqua Madeleine, Luana lui fit un petit coucou de la main puis se tourna vers le jeune homme dont elle chopa la main pour la serrer vigoureusement.

« Moi c’est Luana » Lui dit-elle avec un grand sourire.

Elle lui lâcha la main et le laissa partir. Ce devait être quelqu’un de sacrément occupé pour qu’il ait besoin de se sauver comme ça.

« J’en doute pas ! »

Après tout, elle habitait chez lui, quand même…

J'te MP ;)

Je suppose que je peux passer le topic en terminé !