La journée n'avait pas été difficile, si ce n'est complètement improductive. Le Maître l'avait passée à traîner dans les rues de Santa Rosalia en compagnie de collègues aussi bien dans la mission royale que dans la fraude, à provoquer de temps à autre quelques civils parce que ça les faisait rire et certainement pas par complexe de supériorité. C'est donc en civil – plutôt qu'en civile – que Max passait avec un Alonso Alvarez complètement bourré et dont les réflexions hautement philosophiques lui faisaient presque regretter d'avoir modéré sa consommation de rhum à elle.

C'est la vue à sa gauche d'une silhouette connue et pour le moins provocante qui la fit définitivement décrocher du fil de la conversation. La voyant se stopper net au croisement, Alvarez l'interrogea du regard, regarda l'homme qui se tenait là-bas dans la pénombre, puis de nouveau sa supérieure sans obtenir de réponse. Celle-ci le planta là pour s'avancer vers le blond qui l'avait manifestement remarquée et qui ne faisait même pas l'effort de dégager le passage à son approche. C'est là qu'elle l'identifia formellement comme l'un de ces reconvertis qu'elle ne pouvait pas saquer et que, par la même occasion, sa lame la démangea. Une fois à deux pas de lui, elle le dévisagea et lui offrit pour la forme un semblant de salutation, l'air faussement incrédule :

- Toujours là à ce que je vois, Eastwood ? C'est fascinant. Ce disant, elle dégaina son sabre dont elle pointa directement l'extrémité sur la gorge de l'ancien marine, l'invitant ainsi à sortir son arme à son tour.

- J't'interdis de m'adresser la parole, contente-toi de me montrer ce que sait faire le larbin de Salamero. Il n'y avait certes pas que ça pour la motiver, mais si elle pouvait aligner ce type, le maître d'arme comprendrait que ses avertissements étaient on ne peut plus sérieux. Du reste, c'est à son étrange façon de jouer le jeu que Max conclut de Georges qu'au fond, lui aussi avait juste envie de se friter en pleine rue.

Elle contint un ricanement en remarquant que celui-ci était droitier contrairement à elle, mais dut aussi contenir son envie d'attaquer immédiatement après que l'autre se soit mis en garde, de peur de lui laisser trop vite l'occasion de percer la sienne. Sans baisser la pointe de son arme, Max commença à lui tourner autour, lorgnant du côté de son flanc gauche.

C'est après quelques secondes de cette provocation gratuite que Max asséna sans crier gare un énorme coup de sa lame contre celle d'Eastwood afin de la dévier de sa trajecoire. Si l'état de son avant-bras libre le lui avait permis, elle lui aurait directement collé un pain, mais à défaut, elle se contenta d'un autre coup latéral, en visant l'épaule de son adversaire cette fois-ci.

- J't'interdis de m'adresser la parole, contente-toi de me montrer ce que sait faire le larbin de Salamero.

- J'peux te décrire tous les sous-vêtements de la Demoiselle, je les lave chaque semaine.

La voilà qui se mit à me tourner autour. On aurait dit un fauve qui intimide sa proie. Seulement, j'étais d'un naturel trop calme pour être intimidé. Pas le moindre stress. Je n'imaginais aucun scénario, ni favorable, ni catastrophique. J'avais fait environ un quart de tour sur ma gauche. Ainsi donc, j'avais l'angle du coin de rue dans le dos, à un peu plus d'un pas. Je fis donc les mêmes pas qu'elle, sur ma droite. J'imitais ses mouvements, comme si je les connaissais par cœur : il faut dire que nous avions appris au même endroit, les réflexes de l'un étaient ceux de l'autre. Mais chaque escrimeur est unique et c'est ce qui allait se démontrer ici-même. L'un de nous allait finir perdant, et ce n'était pas la suite escomptée! Voilà que soudainement, elle poussa sur ma lame ; elle la dévia pour que je me retrouve sans garde, la lame écartée vers l'extérieur. Elle aurait pu semer le doute dans mon esprit. Mais je savais que nos lames ne se touchaient que très peu - seules les pointes étaient en contact - (comme dit plus tôt). Aussi, cela me permit de ramener ma lame défensivement à temps. La plaçant à la verticale, en opposition avec le coup qui arrivait, je protégeai mon épaule droite dans un tintement sur-aiguë. C'est là que je fis un pas en avant; mon épée glissa le long de la lame de Max qui, suite à son dernier coup, se trouvait à l'horizontale, de manière à maintenir sa lame à l'écart. Simultanément à mon approche je pivotai légèrement sur mon axe vers la droite comme pour me mettre de profil tout en expédiant mon poing gauche en uppercut sous le menton de l'agressive blonde.

Quand l'ex-marine para son second coup, Max pensa non sans un fond de frustration qu'elle pouvait faire bien mieux que ça. Ce n'est qu'au dernier moment qu'elle put deviner ce qu'il avait derrière la tête à sa décaler de la sorte, pas suffisamment tôt pour éviter proprement l'uppercut ; qu'à cela ne tienne, elle se jeta dessus avant qu'il n'atteigne la vitesse nécessaire pour lui exploser les dents. Elle prit par conséquent le coup un peu plus bas, ce qui faillit l'entraver pour ce qu'elle trafiquait au même moment avec sa lame.

En effet, malgré la douleur qui prenait désormais d'assaut sa clavicule, l'officier profitait du fait que leurs armes se trouvassent encore en position horizontale contre verticale pour faire glisser sa lame sur la sienne jusqu'à ce que sa leurs gardes respectives se coincent l'une sur l'autre. Ceci fait, elle poussa plus facilement sa main et, par la même occasion, força Eastwood à écarter sa lame et son bras avec histoire de permettre à la marine de s'approcher.

Il n'y avait à présent plus qu'une vingtaine de centimètres entre eux, à travers lesquels Max envoya un crochet un peu faiblard dans la tronche de Georges parce qu'elle en avait assez de son air détendu.

Et boum, dans ses dents, à cette grognasse! Heureusement pour elle qu'elle s'était légèrement avancé. Et surtout avec le bon timing. Elle avait eu la chance de le faire de manière optimale, ce qui réduisit les dégâts; mais elle avait tout de même encaissé. Et niveau lucidité, c'était pas ce qui arrangeait le plus de choses. M'enfin, elle était expérimentée et il allait m'en falloir plus pour la déconcentrer! Pour preuve, elle répondit sans perdre un instant. Elle rapprocha nos gardes. Mais d'une contraction du poignet je serrai ma lame contre le flanc gauche de Max, de manière à ce qu'elle longe son bras jusqu'à l'épaule. Rien de bien offensif, c'était juste par précaution. Un réflexe, lorsque je me retrouvais dans cette position.

- Sauf votre respect, ma chère..

Ça venait. Le crochet arrivait par ma gauche. Je l'avais vu venir. Il faut dire, c'était assurément ce qui allait suivre, un kick aurait été mal avisé et son autre bras était immobilisé. Je fis un geste circulaire du bras gauche, devant mon visage, vers l'extérieur. Je dégageai ainsi de l'avant-bras le punch qui m'était destiné, le balayant sur le côté. Dans la continuité de mon mouvement, et sans perdre un instant, je chopai l'avant-bras droit de Maximilienne, qui était alors à ma portée.

- Vous auriez dû..

Ensuite, je feintais. J'avais fait un geste de la tête, comme si j'allais lui placer un coup-de-boule. Le coup aurait été idéal, il faut dire. Sa main gauche était contre ma droite, son bras était longé par ma lame, c'est comme si je la lui tenais. Je tenais son bras droit. J'avais juste à la maintenir sur place et lui exploser le nez avec mon front. Inutile de préciser que c'était la feinte parfaite, la plus crédible possible. Mais j'optais pour une solution plus soft. C'était une femme en face. Certes, un chien de l'Etat, qui voulait ma peau, mais une femme. Et le gentleman que j'étais ne dévisageais pas une femme, surtout quand la vie avait décidé d'être méchante avec elle dès la naissance.. Quoi qu'il en soit, je préférai tirer sur ses bras vers moi afin d'approcher son buste tout en expédiant mon genou en plein diaphragme ; le coup pouvait lui couper le souffle plusieurs secondes, ce qui me permit de la repousser en arrière avec les bras, la forçant à faire plus d'un pas à reculons. Je tendis ensuite nouvellement ma lame vers la blonde, la fusillant du regard; l'expression de mon visage s'accordant parfaitement avec mes dires provocateurs.

- Rester en cuisine.

Max voulut jurer quand elle se sentit maîtrisée et qu'en plus il osa lui faire la grosse vanne de champion. Eastwood allait pouvoir attendre longtemps s'il espérait la déstabiliser en l'humiliant parce que la colère, elle carburait justement à ça. L'officier le regarda fixement, lui et le sabre qu'il pointait sur elle ainsi que sur son arme au contact de celui-ci qu'elle laissait imperceptiblement trembler en se faisant violence pour retrouver sa respiration.

- Ne me fais pas rire... Le bout de la lame adverse était pratiquement sous son nez et ce n'était pas son sabre qui pourrait contrer un estoc à une distance si réduite. L'officier abaissa donc le sabre en question, saisit la lame de l'autre à l'aide de sa main presque nue dont le bandage lui épargna à peine d'en éprouver le tranchant et y imprima immédiatement une torsion afin de prévenir un nouveau contre et, par la même occasion, qu'il ne puisse pas s'amuser à vraiment lui couper les doigts. Elle s'avança et fit mine de lui asséner un coup vertical à l'arme blanche, qui termina néanmoins dans le creux du coude droit de son adversaire pour le faire lâcher prise sur la poignée de son arme à lui, plus que pour chercher à le rendre manchot, en vérité. L'enchaînement fut aussi rapide qu'inconsidéré mais le fait est qu'à l'issue de celui-ci, Max garda en main le sabre d'Eastwood maculé de sa propre hémoglobine et le balança derrière son épaule. Elle fit un pas en arrière avant qu'il n'essaie de lui coller une beigne et ricana nerveusement.

- Allez, barre-toi maintenant. Quelque part, Max savait qu'il avait pour réputation de ne pas toucher aux femmes et les types qui se laissaient faire, ça lui passait l'envie de tuer.

HRP : PAYE TON POST DEBILE et pardon si j'arrête le conceding du coup, mais si tu veux qu'on arrête là faut bien... ~

HRP : J'aurais dû le préciser dans le post précédent mais je ne pointais pas l'arme sous ton nez mais juste vers toi, en étant loin (pour toucher mon arme il faudrait tendre ta lame vers la mienne, tu vois l'délire?). Ton action était assez hasardeuse et ton post pourrait être coupé dès le début par une simple réaction - et dieu seul sait à quel point j'en meuuuurs d'envie - seulement comme tu le sais si bien ; je n'ai pas le droit de t'égorger et je dois bâcler ce RP.. T^T
Profite, ce sera la dernière fois que je retenais mes coups. ~

J'avais frappé une femme. Que me prenait-il? Un vrai gentilhomme aurait préféré mourir que de croiser le fer avec une gente dame! Me voilà en train de pointer ma lame sous sa gorge! Et encore, j'avais eu plus d'une occasion de la tuer en quelques secondes. Que diable avait-je fait pour mériter cela? J'aurais nettement préféré avoir des chances de la serrer (quoi que, c'est pas mon genre de femmes) que d'avoir des chances de la tuer. J'allais être tourmenté plusieurs jours. Enfin, si j'sortais d'ici vivant. Car j'avais mis la miss en colère et si je ne me permettais aucunement de la blesser, pour mon cas, il en était tout autre : elle me détestait, était en rogne et avait un arme. Quels scénarios crédibles pouvaient en résulter? Mon corps gisant dans mon propre sang. Certainement. La voilà qui tint ma lame : je la vis venir. Je lisais en elle comme dans un livre ouvert ; je n'étais pas un spécialiste du combat rapproché pour rien. Mais je ne bougeais pas. La voilà qui menait son offensive, rapidement, plus qu'elle ne l'avait fait tout à l'heure ; mais je ne bougeais pas. Face à quelqu'un qui restait de marbre, l'officier Grévy allait sûrement se délester. Sa frustration allait soit me coûter la vie pour avoir poussé le bouchon trop loin, soit m'épargner, par manque d'intérêt pour ma personne. La seconde option fut sélectionnée ; la voilà qui me demanda aussi gentiment qu'elle en avait l'habitude, de filer. Je lui fis mes au revoir suivi d'une petite courbette.

- Au plaisir de vous recroiser un jour, miss Grévy. ~

Contournant la personne que je venais d'affronter je vins jusqu'à mon sabre qu'elle avait jeté derrière son dos, le rangeai dans son fourreau et continuait ma marche nocturne, sans même sourciller ne serait-ce qu'un peu à cause de la douleur au bras. Je n'étais pas censé m'être battu et j'allais devoir masquer ma souffrance encore quelques temps.