Ah que j'aimais la vie. J'étais sûrement le domestique le plus heureux de la Terre. Pourtant, j'en ai vu, des domestiques. Vu le nombre de fois que j'ai fait le tour du globe. Parce que oui, nous vivons sur une sphère géante. Si vous croyez encore que la Terre est plate vous êtes en retard d'un siècle. Et vous vous fourrez donc le doigt dans l'œil jusqu'au bras - par chance les cache-œils sont à la mode en ce moment. En parlant d'yeux, les miens vinrent de recevoir une salve de sable. Je me les frottai donc, en essayant tant bien que mal de verser une larmichette pour me les nettoyer. J'étais à la plage. Un tapis dédié à cela était disposé de manière à étaler mon corps svelte ainsi que mes affaires éparpillées ça et là. Mais un courant d'air avait décidé de me fouetter le visage. Jusque là allongé, je me redressai alors, pour m'asseoir en tailleur, et m'étirer. Je passai ma main dans les cheveux afin de vérifier qu'il ne s'y trouvait pas de sable. Je portais un simple maillot de coton blanc, et un pantalon large, rouge-bordeaux. Je baillai. En fait, je venais de me réveiller. J'avais peut-être le teint frais mais dans ma tête, j'étais encore dans le brouillard. Il fallait me requinquer. Je regardais à droit à gauche, avant de poser le regard sur une ficelle qui traînait au sol. Je la chopai d'une main, et je tirai dessus. Je la pris à deux mains. Je tirai, encore et encore, ramenant le bout petit à petit jusqu'à moi. On put distinguer que la ficelle me reliait à quelque chose qui se trouvait dans l'eau. Ce quelque chose se rapprochait au fur et à mesure que je tirai la ficelle - normal après tout, je la tirais pour ça. Une vague vint cacher cet objet au moment où il sortait de l'eau. Après quelques courts instants on put distinguer une bouteille transparente presque pleine, contenant un liquide cuivré. La bouteille arriva jusqu'à moi. Je la chopai, et retirai le bouchon. J'humais l'air et la douce odeur des vapeurs d'alcool qui s'échappaient de cette bouteille de rhum que j'avais laissé dans l'eau afin de la garder au frais. Je levai la bouteille au ciel, comme si je souhaitais trinquer à la santé de quelqu'un en particulier. Le soleil me cognait sur la tête depuis tout à l'heure, et une bouteille similaire à celle que j'avais en main était déjà vide, à côté de moi. Prêt à en découdre avec une seconde bouteille je m'écriais.
- Du rhum, des femmes et d'la bière Nom-de-Dieu! ~ ♫ ♪
Le problème c'est que je n'avais plus de bière, et qu'il n'y avait pas encore de femme. Enfin, ceci n'était peut-être qu'une question de temps. Sur cette plage où l'on ne s'aventurait qu'avec de l'alcool, et aucun autre bien - sauf si l'on compte se faire dépouiller - les rencontre étaient aussi inattendues qu'inopinées.