Il pleuvait des cordes, ce n’était en aucun cas un temps pour sortir. Pourtant Maria s’ennuyait dans sa grande maison et elle décida malgré le ciel malicieux de sortir, entraînant dans son sillage sa gouvernante. Ce que la demoiselle voulait, elle l’obtenait sans détour. C’était bien là l’avantage de faire partie de l’aristocratie.
Chaussant avec hâte ses bottes et attrapant presque en sautillant sa cape et un de ses livres sur les pirates, Maria partie d’un pas léger sous la pluie devenue brume.

Elle aimait ce temps brumeux qui entourait de temps à autres Santa Rosalia. Elle se sentait toujours comme une inconnue au milieu de visages sans noms et non pas Maria Cruz petite noble en quête de liberté. La demoiselle totalement perdue dans ses pensées ne se rendit pas compte qu’elle avait semé sa très chère gouvernante. Lorsqu’elle voulut se retourner pour lui adresser quelques mots elle fut surprise de ne pas la trouver derrière elle, l’insouciante demoiselle ne s’en préoccupa guère et après un haussement d’épaule repartit de plus belle. De toute façon ses vêtements ne laissaient guère apparaître sa richesse, seuls ses cheveux bleus cachés sous sa capuche pouvaient se démarquer.

D’humeur enfantine elle se mit à éclabousser le chemin devant elle en frappant de ses pieds le chemin devant elle. Bien entendu tout à son jeu puéril elle ne fit pas gaffe aux passant et aspergea allègrement les bottes d’un homme devant elle. S’apercevant de son erreur elle tourna son visage mortifié vers lui.

« Veuillez excuser ma maladresse ! »

Elle n’aima pas le regard de l’homme sur sa personne, elle détestait ça qu’on la juge de haut en bas comme si elle n’était qu’une petite chose à vendre.

« Je ne sais pas si je vais te pardonner. »

Elle eut envie de lui dire que dans ce cas il pouvait continuer son chemin et oublier cette rencontre, cela irait parfaitement à la petite noble. Pourtant elle ne pipa mot, se contentant d’un regard clairement désapprobateur.

Par contre elle poussa une exclamation de surprise lorsque l’homme lui prit son précieux livre des mains. Ceci n’était clairement pas un comportement auquel elle était habituée et elle avait du mal à s’habituer. D’autant que l’inconnu sans gêne prit son aise pour feuilleter l’ouvrage.

« Qu'est-ce que c'est que ça ? »

Plutôt que de répondre tout de suite la petite reprit son bien de force, le serrant ensuite de toute ses forces contre sa poitrine.

« Vous savez lire non ? A moins que vous n’ayez feuilleté ce livre uniquement pour vous donner un genre … »

Elle choisit de se taire par la suite, elle savait la lecture de ce genre de livre peu recommandé. Déjà qu’elle avait eu du mal à avoir cet ouvrage, hors de question de donner des raisons à quelqu’un de lui prendre. De toute façon elle en avait sans doute déjà trop dit, éducation oblige.