Once upon a time a dragon and a snake || Davy Howell

In your shadow

Te souviens-tu de cette journée, Hannibal ? La bruine tâchait ton visage ensanglanté, ton regard agrandi par la curiosité et surtout, par l'incompréhension. Pire ennemie de ta vie. Hannibal, tu étais fascinée, désorientée, affamée, perdue dans les limbes que tu tentais désormais de rejoindre. Molly ne t'avait pas encore sorti de là, et cette nuit aurait pu être la dernière. Alors, pourquoi y penses-tu ? Pourquoi en souris-tu ? Pourquoi sembles-tu fascinée par ce souvenir ? Toi, qui ne vis point par le passé, le présent et le futur, tu te laissais divaguer à cette éternelle question : pourquoi ? Oui, pourquoi ce dragon n'avait-il pas écrasé la tête de ce serpent ? Tu étais à sa merci, Hannibal, sa lame effleurait ta seule et précieuse paume, et tu continuais à fixer son regard, tu pensais qu'il allait t'offrir bien pire que la mort ; la perte d'indépendance. Dragon contre serpent, tu as perdu, toi et ta certitude. Te souviens-tu ? De chaque mouvement de lame, de chaque essoufflement de ma part, de cette adrénaline trop puissante empoisonnant mes veines...Je n'ai rien oublié de cet instant, absolument rien. Il se tenait debout, sa lame posée contre ma peau, ses yeux s'enflammant d'une froideur et d'une monstruosité incroyables. J'avais alors compris pourquoi on le nommait dragon. Son feu est plus effrayant que tout venin. Plus effrayant que toute torture. Il t'a complimenté, le sais-tu ? Il t'a complimenté et t'a même invité à le défier, de nouveau. Bien que ton inconscient a enraciné ses dires dans ton crâne, toi, tu semblais bien trop subjuguée par toutes les questions le concernant. Cette soif de connaissance envers Barbe Noire ne se limitait plus à ce dernier, elle semblait s'être embrasée sous le souffle de cet autre reptile, au point d'atteindre des proportions inimaginables. Savoir...Je voulais savoir Davy. Davy et Barbe Noire. Barbe Noire et ses livres. Davy et sa pensée. Barbe Noire et sa connaissance. Davy et sa sentence. Il est celui qui t'a le plus rapproché de la chute vertigineuse que tu quémandais ; l'Hippopotame.

"Je te parle, catin !"

Revenons au présent. Je semblais m'être bien trop intéressée à ce souvenir, au point d'agacer mon cher hôte, un noble barbu, un espagnol au ventre bien garni. Que faisais-je dans sa cave ? J'avais bien tenté de l'égorger dans son sommeil, hélas il s'est avéré trop sournois, et devait m'attendre, étant donné comment j'ai été reçu en grandes pompes. Fusils, lames, gardes, tout un festin. N'as-tu pas honte de t'être laissée aussi facilement bernée ? Je n'éprouvais ni honte ni fierté, enfin, il ne me semblait pas. Néanmoins, je sentais un réel désir de fuir cet endroit dans lequel je venais de passer mes quatre dernières heures, à me faire frapper tel un sac à patates, sans prendre en compte les diverses paroles de mon tortionnaire. Son poing éclata ma joue, me poussant à terre, mes chaînes cliquetèrent sous le choc. Des chaînes, tu exècres ces objets. Elles enserrent ton poignet valide et ton cou, une corde ligote ton bras inutile, sans main. On remarque bien les irritations sur ta peau, mais tu t'en fiches, tu es ailleurs, tu es dans ta tête.

Je crois qu'il souhaitait une information, laquelle ? Je n'ai pas réellement écouté. J'étais plus en mes pensées, la pensée d'un hippopotame, divaguant entre quelques souvenirs sans broncher suite aux coups reçus ; ce n'était pas la mort. Auraient-ils utilisés un fouet ? Peut-être est-ce pour cela que je sentais mon dos chauffer. Du sang goûterait-il de mon menton ? Les poings, vraiment brutaux. Je crois qu'ils m'ont fêlés quelques côtes, je n'en suis pas certaine, en fait, je m'en fiche. Rien ne vaut l'Hippopotame. Ton regard se posa dans celui du noble ; les jointures de ses doigts sont usées à force de cogner. Un sourire sournois et joueur se peignit sur ton visage salit par la poussière et le sang séché. Un sourire léger, à peine remarquable. Mais lui, il l'a vu, et son poing dans ton estomac te coupa le souffle, sans quoi tu tombas à genoux, tes cheveux cachant ce sourire imperceptible. Pourquoi souris-tu en cet instant, Hannibal ? Es-tu folle ?! Pourquoi devrais-je pleurer ? Quelle futilité. J'ai levé mon visage vers cet homme, le fixant d'un regard calme, et mon murmure devint susurrement. Ignoble serpent.

"Approche...Je vais te dire."

Dire quoi ? Je ne savais pas moi-même. Peut-être où se trouvait le Sloop William ? Je n'avais pas le sens de l'orientation, surtout en de tels moments ; dommage. Ou bien était-ce pour autre chose ? Je m'en fiche. Pensons hippopotame. A peine approcha-t-il son visage de tes lèvres, qu'il commis la plus grossière erreur de la journée, avec celle de t'attraper. Tes dents se découvrirent, canines pointues et avides, qui n'hésitèrent pas à croquer férocement cette oreille poisseuse dans le hurlement du noble. Le sang coula sur ton menton, mais tu ne lâchais pas. Hélas, un de ses sous-fifres écourta mon repas...C'est une métaphore, évidemment que je ne suis pas cannibale. Il utilisa la poignée de son arme à feu pour me frapper à l'arrière du crâne, m'étourdissant quelque peu, mais je n'ai pas crié. Je ne crierai jamais. Plus depuis que Maximus avait volé ta main. Je le hais, je les hais tous.

Le noble recula, titubant, et soutînt mon regard devenu venimeux, mon sourire ironique. Tu ne devrais pas le défier ainsi Hannibal, tu n'aurais pas dû...Une hache qu'il déroba, posée contre le mur, une hache qu'il brandissait, prêt à découper, à charcuter ta dernière main. Tes yeux s'agrandirent, mais son coup dévia quand un raffut impossible se fit entendre là-haut : la hache se planta dans le pilier, tout près de ta main, ta précieuse main. Tremblait-elle, Hannibal ? Tais-toi, tu m'ennuies. Mon frappeur à l'oreille à moitié coupée monta les escaliers, accompagné de ses soldats, me laissant seule dans cette semi-obscurité, l’œil vif. Un regard de saurien pris au piège, montrant les dents, crachant le bout d'oreille au sol. Tes iris semblaient bien vivaces, parcourues de milles et une pensées déconcertantes, mais surtout d'un désir de liberté à n'en savoir que faire. Un saurien au regard menaçant, poussant de toutes ses forces à l'aide de ses jambes tremblantes sur le pilier en bois, ne se doutant point du souffle brûlant et affamé se trouvant au-dessus. Si j'avais su, j'aurais au moins mis une belle robe, haha.

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Depuis qu'il était le commandant du plus puissant Navire actuel, Davy avait beaucoup de responsabilités. Il se devait d'être présent pour son équipage afin de rassurer celui-ci en lui montrant que leur chef était toujours aussi déterminé. Il devait également faire de la politique en négociant avec les autres chefs des navires, d'ailleurs Davy était réputé pour être le plus froid d'entre eux. Les négociations ne vont pas très loin avec lui, c'est pour ça qu'en général on évite de le pousser à bout.

Formé par le légendaire Barbe Noire, Davy a maintenant bientôt 40 ans. Il est au sommet de son évolution et est enfin devenu le pirate qu'il voulait devenir. Son nom n'était pas encore aussi célèbre que celui de Barbe Noire, mais il était tout de même l'un des plus déstabilisant. Il avait de l'ambition, il comptait surpasser son mentor..Mais le respect était fondamental entre les deux car en effet, Davy ne respectait qu'une seule personne dans ce monde.

Il n'était pas qu'un combattant, il était aussi un grand écrivain. En dehors de ses entretiens avec Barbe Noire ou de ses batailles sur le champ de guerre, Davy aimait se cultiver afin de confronter son point de vue à celui des autres. Même si personne ne pouvait comprendre le capitaine Howell, celui-ci n'en n'était pas moins très cultivé.

~ Un homme calme dans la vie de tout les jours..

Un dragon légendaire sur le champ de bataille..~

Davy était convoqué par Barbe Noire aujourd'hui, celui-ci avait une mission de rang SS à lui confier. De ce qu'il avait entendu, cela se passera dans une prison près de la ville. Oui, cette immense prison sécurisée par les gardes. Là où sont enfermés plusieurs pirates de légende. Si Barbe Noire voulait confier ce travail à Howell, c'est que celui-ci ne voulait pas faire les choses à moitié en voulant faire basculer le moral des ennemis. Il suffisait juste de prononcer le nom de Barbe Noire ou de Howell pour déjà faire flancher le moral, mais Howell aimait surtout être présent physiquement afin de porter le message de son mentor sous forme de chaos.

Il avait rendez-vous à 14 heure avec Barbe Noire, cela faisait quelques jours qu'il ne l'avait pas vu. En attendant Davy comptait faire le tour de l'équipage afin de voir si tout se passait bien. Il avait beau être un homme ayant supprimé des centaines d'autres hommes, mais son équipage était fort important à ses yeux. D'ailleurs les pirates du Queen ignorait surement tout ce que Davy faisait pour eux. Nombreuses sont les fois où il était retourné sur le champ de bataille pour sauver ne serait-ce que la vie d'un simple pirate de son équipage.

Oui, sa fierté très mal placée l'empêchait de montrer que même si les autres humains n'étaient que des gens vides de sens et d'intérêts pour lui, ces hommes étaient comme une sorte de petite famille. Le Dragon veillait sur ses hommes, de façon discrète..

Il n'aimait pas être remercié ou que l'on s'occupait de lui. Il avait une réputation à tenir et se devait d'être très autoritaire pour former ses pirates en les faisant devenir des hommes solides capable d'affronter la vie et les pires situations possibles. Nombreuses sont les fois où des pirates du Queen s'étaient fait capturés, mais aucun d'entre eux n'avaient parlé même sous les pires tortures.

~ Barbe Noire Army ~

Ha..ce célèbre et terrifiant Navire. Comment l'aviez vous imaginé ? Certains pensaient que au vu de sa réputation et sa force, il ne devait pas y avoir d'ambiance ni même de moments de détentes. Et pourtant, c'était tout le contraire..

Tout le monde se respectait, certains se battaient pour une cuisse de poulet ( dédi à hanni ), d'autres se saoulaient jusqu'à l'étouffement. Tandis que d'autres étaient plus sérieux en s'entrainant.

- Hoo !! C'est le capitaine Howell ! Il est si grand.. Chuchotaient-ils..

Le dragon aux six sabres affichait un léger sourire suite à ce qu'il venait d'entendre. Il ne pouvait pas faire un pas sans entendre des choses à son sujet. Il était très bien vu dans son équipage et même s'il était assez direct et très autoritaire, son équipage savait que le second de Barbe Noire était le digne héritier de celui-ci et qu'il s'occupait au mieux du navire pendant la pseudo absence de Barbe Noire.

C'était alors qu'une jeune fille de l'équipage, connus pour son innocence et son sourire magique venait de trébucher en se cognant sur la jambe de Davy. Celle-ci paniquait directement en s'agenouillant face au capitaine. Il faisait un peu froid aujourd'hui, le vent ne cessait de souffler de plus belle.

La jeune fille agenouillait été légèrement étonnée lorsqu'elle s'était rendu compte qu'elle était recouverte du manteau de Davy. Celle-ci souriait de plus belle en se levant afin de remercier Davy, mais celui-ci n'était déjà plus sur les lieux. Trop fier pour se rendre compte qu'il venait de faire une bonne action pour son futur soldat.

C'était ça, des gestes bon de temps à autres, un respect bien présent, une réputation solide..tel était le mode de vie de Davy Howell. Un homme qui par contre ne faisait aucun cadeaux pour ses ennemis, homme, femme ou enfant.

Bien pour cela que sa tête était mise à prix, car en effet Howell avait déjà prit la vie de centaines d'hommes importants.

~ La mission et le retour du Dragon VS Serpent ~

Barbe Noire venait de confier après son entretien avec Davy, sa prochaine mission de rang SS. Le dragon devait se rendre à l'immense prison de la ville afin de faire un coup d'état au nom de Barbe Noire. Non pas quelque chose qui chamboulerait la vie des pirates, mais juste pour faire passer un message au gouvernement. Montrer que Barbe Noire était toujours en vie..

Pour cette mission, Davy allait être accompagné par deux membres assez puissants du Queen. Son bras droit ainsi qu'un général du Navire connus pour sa force physique impressionnante. Le capitaine ne se doutait pas qu'il allait faire la rencontre d'un serpent qui finalement, ne lui était pas inconnu. Cela risquait d'être intéressant, après autant d'années, surtout que Davy avait bien évolué.

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Traversant la ville sans se faire reconnaître, car ils avaient l'habitude de bien se camoufler dans la masse. Davy et ses hommes étaient en route pour la prison très bien sécurisée. Ils n'allaient pas avoir besoin de l'infiltrer complètement ou d'utiliser la force, Barbe Noire était influent et avait beaucoup de contact dans le domaine politique..notamment quelques corrompus.

Mais il était vrai que Barbe Noire comptait ne pas respecter le marché. En effet, Davy avait la possibilité de rendre visite à un détenu sans faire de grabuge. Mais lors de son entretien avec Davy, Barbe Noire avait avoué à celui-ci que cela n'était qu'un prétexte et que Davy devait en fait assassiner deux gardes précis afin de délivrer un message à la marine. Et pour cela, un homme comme Howell était le mieux adapté, il avait le don de faire passer les messages..à sa façon.

Après avoir rencontré le garde corrompus en question, Davy allait entrer dans la prison, il comptait d'abord préparer le plan de retrait. Et pour ce, ses compagnons l'attendront dans un endroit précis afin de le couvrir lors de son replis.

Ce qu'ignorait Davy, c'était que le garde qu'il devait assassiné était dans un étage en dessous, en train d'essayer de faire parler un pirate. L'ironie était que Davy n'avait aucune idée de ce qui l'attendait en bas. l'Avantage pour le capitaine, c'était que l'étage du dessous n'était pas très bien sécurisé, étant surtout utilisé pour les interrogatoires et tortures. Il fallait donc juste l'atteindre grâce à son allier corrompu.

Et une fois que Davy avait atteint le niveau juste au dessus de la pièce où se trouvait les deux gardes qu'il devait éliminer, le carnage pouvait commencer..

Alors qu'Hannibal était en pleine séance d'interrogatoire, celle-ci venait d'être sauvée au dernier moment par le "bordel" que faisait Davy à l'étage au dessus. Le garde qui était sur le point de frapper Hannibal s'était arrêté pour voir ce qu'il se passait.

Mais un peu au dessus..alors qu'un des gardes était en train de faire sa patrouille, un autre tombait derrière une porte. Le garde en question allait s'approcher de l'endroit où il avait entendu le bruit, jusqu'à être face à face à une silhouette très grande dans l'ombre. On ne pouvait voir que ses deux yeux rouges en train d'observer le garde tel un déchet.

Lorsqu'il sortait peu à peu de l'ombre, le garde avait prit conscience de l'identité de celui qui allait le décapiter dans quelques secondes. Il n'avait même pas le droit de crier, étant paralysé par les yeux du dragon.

Après s'être débarrassé des quelques gardes au dessus car oui, en temps normal il serait impossible d'atteindre ce niveau de la prison seul. Car elle était vraiment bien gardée, mais heureusement que le garde corrompus avait un grade important. Il avait donc réussis à faire infiltrer Davy dans les sous-sols qui sont peu gardés.

Alors qu'Hannibal était toujours attachée, celle-ci pouvait entendre des bruits de pas en sa direction. Même si ce n'était pas elle la cible.

Le garde qui s'occupait de la punition d'hannibal traversa la porte en étant propulsé juste devant elle. Il allait faire quelque chose d'assez puéril, il regardait Hannibal en lui demandant de le sauver en tuant son assassin. Pourquoi pas, Hannibal était un pirate reconnus..donc tuer l'assassin en échange de sa liberté..pourquoi pas. Cependant l'assassin en question ne voyait pas les choses de la même manière.

Entrant à son tour dans la pièce, le garde n'arrivait pas à sortir ses clés pour détacher Hannibal. Celui-ci était tombé sur le sol en face de la prisonnière, tandis que Davy se tenait debout face à l'homme, le regardant de haut avec une expression non pas sévère..mais plutôt..vous savez ce genre d'expression neutre qui nous laisse dans l'incompréhension.

"Qu..Tu..Tu es ?.."- Essaya de chuchoter le garde..

Il n'avait pas le temps de finir sa phrase, que sa tête glissa sur le côté, se séparant ainsi de son corps qui tremblait du fait que les nerfs étaient finement coupés. Le regard rouge d'Howell s'était ensuite posé sur celui d'Hannibal. Le rouge rang se confrontant au bleu océan, une nouvelle fois..Le dragon face au serpent. Il se souvenait parfaitement d'elle, et de la dernière chose qui lui avait dit.

"Décidément tu portes un bel intérêt pour les situations critiques."

Elle l'ignorait peut-être ou n'avait pas vu le mouvement, mais elle n'était déjà plus prisonnière de ces chaines. Le dragon s'en était déjà occupé. Il devait à présent vite quitter les lieux au risque de se faire prendre en embuscade si l'alerte était levée.

Mais en attendant, le dragon qui était debout face au serpent sur le sol, observait le reptile.

In your shadow

Ce n’est pas comme si je m’attendais à cette visite. Mais pour le bien de tous, et pour ma propre persuasion, je dirais que si, je l’attendais, depuis quelques années déjà, un sourire carnassier aux lèvres. Ses mirettes m’observaient, comme je les fixais, rouge et bleu, un chaos bien effroyable, une explosion de saveurs, de froideur, de chaleur, de rancœur et d’idiotie. Une rencontre pure et simple.

Tu penchas la tête de côté, continuant à l’observer, sans te soucier de la tête reposant à tes pieds. Avais-tu pris en compte les dires de ce garde/noble ? Pas le moins du monde, et puis, tu ne préférais guère lui rendre ce service. Tu pensais à ta vie avant tout, même si tu la supposais sans importance en l’absence de l’Hippopotame, la pièce manquante. Ta sentence. Mais la seconde raison semblait surtout être cette dernière : tu ne te mettrais pas le moins du monde sur le chemin de ce dragon pour une autre volonté que la tienne. Mais n’as-tu pas remarqué ? Hannibal, tes chaînes…

Ah oui, en effet. Je suis tombée sur un genou, tentant de me stabiliser, non pas par fierté qu’un tel grand reptile puisse me voir affaiblie, je m’en foutais, simplement…Pour moi-même. Une raison inconnue de tous, même de toi. Je réussis à me poser sur les pieds, posant mon épaule contre la poutre, en croisant les bras, d’un air nonchalant. Tu n’avais pas peur de lui, non, tu semblais plutôt impatiente. S’il avait voulu me tuer, il l’aurait fait il y a des années, quand sa lame pouvait me pourfendre sans que je ne puisse me protéger. Serait-il possible que tu lui en veuilles de n’avoir su te laisser toucher l’Hippopotame du doigt ? Tais-toi, tu m’ennuies.

Davy n’avait pas tant changé que cela, moi qui suit pourtant grande malgré mon statut de femme, il me dépassait largement. Il était plus imposant et plus réfléchi que tous les hommes que j’avais affronté, mais aussi égorgé. Il était Davy, le second de Barbe Noire, peut-être Barbe Noire lui-même ? Taisons les rumeurs. Tu ne te fis pas à ces dernières, tu ne crois que en ce que tu vois. Ce que tu as remarqué ce jour là ? La même chose qu’en cet instant. Davy est un dragon, mais plus encore, une noirceur, un territoire mental inconnu, une fonction, un tout et l’incompréhension même que tu exécrais tant. Était-ce pour cela que tu voulais savoir ? Tant de questions…Mais elles seront pour plus tard, il était temps que je m’échappa.

J’étirai un léger sourire malgré le sang couvrant mon visage, écoutant sa dernière parole, l’œil scintillant d’une curiosité carnassière. Mais cette esquisse disparût aussitôt pour que je puisse garder mon visage morne. Je me suis penchée, attrapant la tête du noble dans ma main pour m’y intéresser, avant d’y enfoncer l’une d’elle dans le cou, dans la chair, jusque dans les mâchoires, telle une marionnette. Pourquoi faisais-tu cela, Hannibal ? C’est si écœurant, aucunement féminin…Es-tu folle ?! Je ne suis pas folle, je ne suis pas malade, j’aime juste faire ce que d’autres ne font pas ; qui utiliserait une tête humaine comme porte-parole ? La joue du défunt se posa contre la mienne, et j’ai imité une de ces fausses moues d’enfant, plongeant mes iris dans celles si étonnantes de mon bon vieil interlocuteur pirate. Ma voix se fit plus aigüe, et tandis que je parlais, je bougeais les lèvres de la tête.

« Oh…Davy ! Tu sais bien que les situations critiques sont mes préliminaires, et tu viens de gâcher les nôtres…Bouh bouh honte à toi, hippopotamesque dragon ! »

Pourquoi t’infliges-tu ce côté humour noir…Humour gore ? Pourquoi ne veux-tu donc point faire comme les autres ? As-tu si peur d’être oubliée ? Veux-tu tant te démarquer ? Un jour, tu te prendras une balle en pleine tête, Jeanne, et ce jour là tu trouveras l’Hippopotame. L’épisode sarcastique terminé, j’ai enlevé la tête du défunt tortionnaire, non pas pour la jeter au sol, mais pour l’enfiler à mon bras manchot, car après tout, un crâne humain est bien connu pour être dangereux, n’est-ce pas ? Ma paume libre s’arma d’une des chaînes. Il faudra que tu récupères tes couteaux et affaires, Hannibal, et pourquoi ne pas demander un sabre à ce dragon là ? Serais-tu trop fière ? J’essayais simplement de m’armer autrement, et puis les longues lames, ce n’était pas mon truc. Pourquoi ? Chut, c’est un secret, caché dans la gueule d’un hippopotame affamé. Mes véritables armes et mon gilet devaient certainement se trouver au rez-de-chaussée, quelques étages au-dessus. Pourquoi ne pas prendre la hache ? C’est plus utile qu’une chaîne. Je n’aime pas cet instrument, mauvais souvenir.

« Arrivé plus tard et tu m’aurais vu avec une muselière, tu crois que cela m’irait à ravir ? »

Tu montais les escaliers, te souciant peu de tes côtes fêlées et de ton léger boitillement. Tu t’en fichais oui, tu ignorais ta souffrance, malgré ton corps se courbant, le sang séché sur ta peau et ta cheville bien tremblante. Et puis, Jeanne…Pourquoi ne l’as-tu pas remercié ? Pourquoi devrais-je le remercier ? Davy vivait-il de remerciements ? De par mon hypothèse, certainement pas. C’est un dragon, et c’est par un superbe accident que nous nous étions rencontrés de nouveau, une coïncidence qui me plaisait. Je me suis retournée pour lui faire face, le fixant toujours dans les yeux, continuant dans des phrases qui ne se rejoignaient pas, par simple désir, par simple envie, pour un dragon.

« Tu as pris un de ces coups de vieux…Bon, je te propose que l’on remonte, sinon l’Hippopotame va nous engueuler. »

Hannibal, rire certes…Mais ne joue pas avec ce feu là trop longtemps.

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