J’avais la flemme. La flemme de me lever. La flemme de donner de nouvelles directives à mes hommes. La flemme de patrouiller. La flemme tout court, tout compte fait. Aussi étais-je convenablement couché sur un hamac attaché à deux cocotiers, au bord de la mer, l’air pépère. Un chapeau en paille couvrait la moitié de mon visage, tandis qu’on pouvait voir clairement un long cure-dent coincé aux commissures de mes lèvres. Hormis le bruit continu des vagues particulièrement agitées aujourd’hui et les pleurs des goélands, c’était le calme plat autour de moi. Un petit espace paradisiaque qui me faisait un bien fou, lorsque qu’il m’arrivait de vouloir m’échapper des réalités poignantes de ma faction et des tâches que m’incombaient mon grade plutôt admirable…

Tout d’un coup, j’entendis une voix criarde et lointaine. Ça pouvait être une pauvre donzelle qui se faisait agresser ou je ne sais quoi, mais aujourd’hui pour moi, c’était glandouille et pas autre chose. De toute façon, personne ne serait assez fou pour commettre un crime à quelques pâtés du Quartier Général de la Marine Royale. Rien qu’à cette pensée donc, j’eus un large sourire. Mais plus les secondes passèrent, et plus la voix était haute, audible. Et dès cet instant là que je compris que ma journée n’allait pas être de tout repos. Les pas du mousse qui criait mon nom ne me trompait pas du tout. Quelqu’un me réclamait à notre base. Une idée assez chiante qui me fit soupirer. Il y a des jours où je me disais bien que j’aurai dû travailler à mon propre compte. Sérieusement…

Alors que le jeune arriva enfin à mes côtés, il se mit immédiatement au garde à vous, avant de me déclarer que les hauts officiers me réclamaient dans leurs bureaux, et ce de toute urgence. J’eus un énième soupir. Qu’avais-je fais encore ? Je reconnais que j’avais été plutôt tire-au-flanc ces derniers temps, mais j’avais néanmoins exécuté toutes les tâches que l’on m’avait ordonné d’effectuer… La mouise quoi… Bonjouuur les emmerdes ! Sous l’instance du jeune marine au bout de cinq grosses minutes (Dire que j’en faisais trente, parfois), j’avais fini par me lever, avant de bailler. J’observai pendant un moment la personne qui était venue me prévenir, avant de me rendre compte qu’il s’agissait d’une très belle femme aux formes aguichantes. Les salopards, j’vous jure…

- J’arrive, j’arrive…

La jeune femme se permit de tirer sur l’une de mes manches, histoire de m’inciter à me dépêcher. Face à une telle beauté de la nature, comment ne pas obtempérer ? C’est donc le sourire aux lèvres que je me levai, avant de la suivre comme je pouvais. J’avais un peu la tête dans le cul avec mes cheveux en broussailles et mon air pas vraiment enthousiaste. Pour peu, j’étais on aurait pu dire que j’étais l’incarnation même de la paresse. J’aurai pu m’arrêter à un moment, mais le joli fessier de l’envoyée me redonna de l’entrain à me déplacer plus rapidement pour ne pas la perdre de vue. Je mémorisai rapidement son physique, de sorte à pouvoir la draguer plus tard, si j’avais je revenais à la croiser au sein de la base. Je salivais d’avance, tellement elle était belle !

Mais à peine avais-je fini de prévoir les cartes que j’allais jouer pour pouvoir l’avoir dans mon lit que nous étions arrivés à la base. Je pris rapidement la direction du bureau où se tenaient les réunions entre officiers. Lorsque j’arrivai dix minutes plus tard, je vis mon supérieur direct, ainsi qu’un homme court et grassouillet à ses côtés. Encore un noble qui avait des problèmes. Au moins, il ne s’agissait pas d’un reproche sur ma qualité de travail. De bon augure, que je m’étais dit, le cœur complètement soulagé. Je les saluai bien poliment, avant de prendre place en face d’eux. La salle où nous étions était plutôt grande. Il y avait en son centre une énorme table ronde autour duquel étaient placés plusieurs sièges. Mais à peine voulais-je demander ce que je faisais là avec eux…