La ville de Santa Rosalia vivait bon train, comme toujours. Zoran se baladait, flânant en ville, sans but en particulier. Il avait tout de suite profiter du fait qu'il n'avait plus aucune tâche au champ de cotons pour filer à l'anglaise, évitant soigneusement de ne pas croiser son maître ou la famille de ce type. Un vrai monstre, cruel, qui avait toujours une nouvelle idée folle pour que les esclaves aient un nouveau boulot alors qu'il n'y avait plus rien à faire. Ou presque. Au faite, par habitude les esclaves après le travail étaient trop épuisés pour sortir en ville. Mais pas Zoran. Du genre à glander, il aimait bien en faire moins, laisser les autres faire le travail, blaguant avec ses camarades de galères qui avaient fini par devenir sa famille pour faire retomber leur mécontentement. A vrai dire, cela marcher tout le temps, excepté quand Zoran avait affaire à son père. Mais bon, ce jour là il ne travaillaient pas ensemble, et le jeune garçon avait pu filer. A l'anglaise. La petite expression que sortait toujours le maître.

La seule envie qui l'habitait était de flâner, et puis de se faire une sieste, tiens. La place publique n'était pas le meilleur endroit pour le faire, mais avec tout le monde qu'il y avait, il aurait au moins le bénéfice de la discrétion. En effet, on mettrait certainement du temps à le retrouver. Quand il sera retrouver, il passera à la casserole, il le concevait. Mais cela n'était pas si grave, il allait au moins passer du bon temps avant de se faire rosser ! Il croisa des passants, quelques pirates qui se la frimaient parce qu'ils n'étaient pas repérer par les soldats de la Marine. Au faite, il suffisait de prêter un tout petit peu l'oreille pour entendre tout et rien. Les gens gueulaient, ils avaient même l'air d'aimer ça. Et Zoran, ça le faisait bien marrer. Il repéra ainsi un endroit tranquille, à l'ombre d'une ruelle, prêt d'un stand d'un marchant qui gueulait lui aussi, mais c'était assez énervant parce qu'il répétait inlassablement la même chanson, que ses fruits étaient les meilleurs de l'île, et que même à Tortuga on en trouverait jamais. Il songea qu'il finira bien par s'y accommoder en s'appuyant contre le mur, derrière le stand, plutôt proche de ce type quand même, mais le marchant avait l'air de s'en foutre un peu. Il fut assez surpris de sentir assez vite ses paupières devenir lourdes.

Il se réveilla en sursaut lorsqu'il sentit une douleur au bras, des jambes qui lui avaient comme frapper le bras en courant. Ils ne pouvaient pas faire attention, de temps en temps ? Y'en a qui dormait ! Il leva la tête et aperçut la tête du marchant assez proche de la sienne. Que voulait-il ? Sa photo ?

- En quoi je peux vous aider, m'sieur ? Lâcha-t-il au marchand avec un peu d'ironie.

Le type n'avait pas l'air d'apprécier l'humour du jeune esclave. Ainsi, Zoran le regardait crier, faire des mouvements accentués par la colère parce que ce "sale petit" était en train de faire fuir les clients parce qu'il ronflait comme jamais.

- Et tu m'as volé une de mes marchandises, en plus de ça ! L'accusa-t-il aussitôt. Y manques des bananes et une orange !

Quel crevard ! Il comptait tous ses fruits en plus de ça ? Le jeune garçon se leva rapidement, avec colère.

- Bon, il arrive que quand je roupille je fais des bruits de cochon, d'accord, mais vos bananes et vos poires, j'en ai rien à faire !

- Ils disent tous ça quand je les prend la main dans le sac !

Il avait fumer de l'opium ? Pour une fois qu'il avait décidé de ne rien faire excepté dormir, voilà qu'il se faisait accusé d'un grand n'importe quoi. Qu'est-ce qu'il en avait à faire, de ces fruits ? Y'en avait à la jungle, et en plus de ça, il était déjà nourri par son propriétaire. Il n'allait pas s'amuser à voler des oranges et des pommes ! Les clients restant commençaient à le regarder d'un air bizarre, comme s'il avait tué leurs familles. Tous ça pour des fruits ! Il ne pouvait pas non plus se défendre seul, il était un esclave et avait une tête d'étranger. C'était bien beau, d'être enchainer comme un chien. Avec sa tête et son nom à coucher dehors, il était pas sortit de l'auberge de la discrimination, et ce sera pas demain la veille ! Il aperçut dans la petite foule une femme aux cheveux roses et blonds. Elle n'était pas là, celle là, tout à l'heure. Fallait en plus que des curieux entrent dans l'histoire ?

- Je faisais que roupiller, comment j'peux vous voler ? Dit-il pour tenter de se défendre. J'ai une tête à être voleur ?

Vue la tête que tout le monde faisait, ça n'avait pas l'air de beaucoup les convaincre. La prochaine fois, il ira pas dormir à la grande place !