L
’air était doux et frais en cette aube matinale. Accoudé contre le rebord d’un toit, Hassan contemplait l’étendue bleuté qui s’étirait jusqu’à l’horizon flamboyant. Ligne infinie depuis laquelle s’élevait un éclatant soleil qui projetait ses fuseaux safranés sur Santa Rosalia et ses eaux salées. L’épéiste en avait le souffle coupé. Cette scène était pourtant loin d’être nouvelle pour lui, habitué à s’éblouir du lever de soleil au quotidien, mais toujours, ce moment, autant que le coucher du soleil, avait le don de l’émouvoir.
Santa Rosalia…cette ville vivait d’une animation variée au grès des heures. La nuit était propice aux gens du petit peuple, qui respiraient la joie de vivre. Quant à la nuit, elle était plutôt propice aux maraudeurs. C’est en partie pour cette raison que l’on retrouvait le jeune homme perché sur le toit d’un hôtel. Ces deux dernières années, Hassan s’était habitué à dormir à la belle étoile. Les ruelles, tout autant que le port, n’étaient pas des endroits propices pour dormir en toute sécurité. Rien de tel qu’un toit élevé pour escompter une tranquillité absolue, loin des nigauds terrestres. Loin des lois urbaines. Et l’hôtel ? Le garçon préfère dormir à la belle étoile que dans un espace clos. Que ça soit sur terre ou sur eau, à bord d’un bateau, cette règle d’or ne changera pas.
*Il me faut un nouveau sabre…* Pas qu’Ace ne soit plus utilisable, mais en bon manieur de sabres qu’il est, Hassan aimerait exploiter ses talents à la technique des ‘deux sabres’. Enfant, Icare lui avait appris les bases pour manier un ou deux sabre. Icare, son père adoptif. Depuis son enfance, il a peut-être exploité au mieux le maniement à un sabre, mais il ne demeure pas en reste lorsqu’une deuxième épée vient se loger dans sa main libre. Guidé par un désir d’évolution et ce, par tous les moyens nécessaires, s’il lui fallait emprunter cette voie, il le ferait sans hésiter.
*J’ai aperçu une boutique d’armes au centre ville hier…j’y trouverai sûrement mon bonheur* Un sabre, c’est du genre plutôt coûteux non ? Point de soucis à faire de ce côté-là, la bourse généreusement remplie cachée dans son kimono suffisait à satisfaire ses dépenses, en bon mercenaire qu’il est.
Qu’il fût… A l’habilité d’un chat, Hassan bondit du toit pour atterrir trois étages plus bas, sous le regard ébahi des commerçants du coin. Sans y prêter attention, il rejoignit la place centrale, laquelle était garnie en son centre par une fontaine d’où jaillissait une eau miroitante. L’épéiste alla se débarbouiller le visage, en profita pour aller se remplir l’estomac à une échoppe du coin puis se mit en route vers la boutique désirée. La voyant surgir aux abords d’un carrefour de ruelles, Hassan y pénétra sans détours, impatient de découvrir si ce magasin vendait des sabres de qualités.
C’est sans compter l’animosité surprenante qui pouvait régner dans cette boutique. «
’tention ! » A peine entrer dans la boutique, Hassan aperçut une jeune femme étourdie se prendre maladroitement les pieds sur la chaise depuis laquelle une autre femme était postée. Afférée à ranger les étagères, elle devait sûrement être la propriétaire de la boutique…ou une assistante. La scène était prévisible et avec ses bons réflexes, l’escrimeur réagit au quart de tour lorsque la chaise balança en arrière, entraînant la femme aux cheveux couleur miel à son bord avec elle. Il attrapa la vendeuse au vol, mais fut entraîné à son tour au sol. Foutue gravité ! Bon, bah au moins, il aurait servie d’amortisseur à la grande blonde…campée sur ses jambes. «
hum, rien de cassé ? »osa t’il d’une voix avenante et calme. Il aimerait bien se relever…