Une des choses dont Adriana était plutôt contente était son utilité à bord du Queen Anne's Revenge. Elle n'était pas une guerrière, n'était pas douée au combat rapproché, elle ne savait pas non plus naviguer, mais ses connaissances en phytothérapie et médecine générale avaient grandement facilité son intégration au sein de l'équipage. Le moindre bobo, le moindre petit malaise était traité dans les plus brefs délais. Et même à l'inverse, elle maîtrisait le poison. Une simple entaille causée par une flèche trempée dans la toxine de l'if commun et en moins d'une journée, le blessé mourrait dans d'atroces souffrances. Ou, sans même mourir, causer nausées, vomissements, troubles de l'équilibre et bien plus encore... de quoi mettre à mal tout un équipage avec pas grand chose si l'on fait preuve d'un minimum de jugeote.

Concentrée, Adriana était justement assise sur un tonneau proche du bord du navire, en train de vérifier ses multiples fioles pour voir ce dont elle avait besoin lors de leur prochain passage sur terre. Et ce qui lui manquait, c'était justement un peu de ce poison. Elle n'en avait pas toujours sur elle, mais par mesure de précaution, à la fois pour elle et pour l'équipage, elle préférait toujours en avoir à disposition. Et puis, il lui manquait encore d'autres plantes afin de garder un bon stock de remède. Les pirates ne faisaient pas toujours attention à ce qu'ils avalaient et hop ! intoxication, problèmes de digestions, empoisonnement, et ils bénissaient les dieux du monde d'avoir Adriana pour soigner leurs âneries.

Descendant de son tonneau après avoir fait ses comptes, elle referma sa sacoche et traversa le navire jusqu'à trouver Davy Howell, son commandant. Elle attendit légèrement en retrait qu'il finisse de parler avec un autre qui s'éclipsa discrètement avant de s'avancer vers lui.

« Commandant Howell, lors du prochain accostage je vais avoir besoin d'aller récupérer quelques plantes et potions dans une droguerie. »

Ce qui signifiait : Je vais sortir de la ville et gambader en plein nature pour faire la cueillette et il va me falloir des mains et des bras si on veut pas s'y éterniser. Léger soupir.

« L'intoxication de la semaine dernière m'a vidée de mes remèdes. »