As-tu vraiment l'âme de ce pirate ? [Hannibal-END]

Le seul endroit où Kobra pouvait se balader en étant habillée convenablement, c'était bien à la place publique. On y rencontre plus des personnes de la noblesse que des pirates. Ces hommes pouvaient facilement se faire piéger par la Marine alors il n'y avait pas trop de risque. Enfin, dira-t-on. Kobra s'était habillée normalement, telle une cavalière prête à secourir n'importe quelle être malheureux. Sans avoir emporté sa cape, elle se baladait sur la place à la recherche de son vendeur habituel, elle pouvait facilement être confondue avec un noble, pourtant ce n'était pas le cas.

« Des pommes, s'il vous plaît. »

Kobra savait que Georges adorait les gâteaux faits à base de pomme. Le vendeur lui donnait ses pommes en échange de la monnaie. La jeune femme ne voulait pas partir tout de suite, pourquoi ne pas profiter de ce soleil ? Kobra s'avança vers la grande fontaine pour s'y installer et déguster une pomme tout en contemplant les hommes et les femmes. Ils se saluaient, se volaient, frappaient, riaient ... Bref.

« Quelle vie magnifique. »

Disait-elle ironiquement en croquant à pleine dent sa pomme acide.

Are you alive ?

Tu t'en prends aux hommes, Hannibal, à ceux aux sourires méprisants, à ceux qui te volent. Peut-être es-tu une féministe en ton for intérieur ? Certainement. Une vieille féministe...Va donc jouer avec les hippopotames, et laisse-toi déchirer dans un soupir par leurs crocs. Je n'ai point l'envie en cette après-midi, quoique la fontaine semblait bien à même de contenir quelques uns de ces gros mammifères patauds. Je me dirigeais donc vers la dite fontaine, plus par principe de laver ma main couverte de sang. Un corps aux milles parures repose là-bas plus loin, il est encore chaud, son sang inonde les pavés. Un homme, il n'aurait pas dû te mépriser du regard, il n'aurait pas dû tenir ce bel ouvrage scintillant entre ses mains. Il l'a bien cherché, ils le cherchent tous. Une vengeance ? Aucunement. Un désir.

Je ne prenais pas la peine de me cacher, le monde autour le faisait à ma place. Ma paume laissa disparaître le sang dans l'eau translucide, tandis que la lame remplaçant l'autre se lavait, reprenant son aspect scintillant. Je pris la peine de m'asseoir sur le rebord, près d'une jeune femme, observant les pommes et son aspect physique, retenant chaque particularité physiologique. Cheveux ondulés, beauté des traits, enfant noble en soi j'imagine. La rougeur des pommes contrastait à merveille avec sa chevelure. Pommes...Sordide Hannibal, il n'y a pas d'hippopotames entre ces pépins là. Ma main trempée attrapa une pomme dans laquelle j'ai croqué sans pour autant en savourer le goût, comme si je connaissais la jeune femme, et j'ai répondu, sans rien demandé à personne, d'une voix monotone et tout aussi ironique.

"Oh...Si tu savais ce que c'était sur les mers, elle semble plus scintillante qu'une pomme volée."

Je lui ai lancé un regard en coin. Regard saurien. Un sourire amusé et caustique étira mes lèvres gercées, dans cette tenue à peine habillée, ne rappelant guère le rang d'une dame.

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Une seule réponse se fit entendre. Réponse que Kobra ne s'y attendait pas. Elle se retourna pour savoir d'où provenait la voix, et c'était celle d'une femme. L'aspect n'était pas au rendez-vous, à voir comment elle était habillée ... Elle est -sans aucun doute- l'une des pirates qui s'amusaient à "titiller" les nobles. Titiller ? Non, c'est trop peu.

« J'imagine fort. J'ai eu peu d'occasions de me balader sur un bateau. »

Disait-elle en prenant son sac de pommes qu'elle posa de l'autre côté, afin que cette demoiselle ne lui reprenne pas une deuxième. Bien qu'elle en ait un sacré paquet, elle souhaite tout de même en garder pour la cuisine. Elle leva les yeux au ciel à contempler le temps maussade.

« Votre regard me dit que vous allez me faire une chose. Une simple chose. Mais c'est inutile de la faire. Vous n'obtiendrez rien de moi. Rien. »

Un sourire mesquin apparaissait sur ses lèvres. Oui, quand elle disait rien, ce n'était pas quelque chose. Ce n'est pas parce qu'on a l'aspect d'un noble que l'ont possède une richesse en or.

Are you alive ?

Et si le rien n'était qu'un simple quelque chose ? Et si tu n'étais qu'à la recherche de ce qui n'existait pas ? Cela te ressemblerait Hannibal, courir vers un néant, par simple intérêt de courir, par l’innommable envie de ne jamais faire comme les autres. J'ai penché la tête de côté, sans pour autant ciller à ses paroles. Mon regard ? Je ne savais pas que l'on pouvait réellement lire dans les yeux, à mon humble avis, c'est impossible. Absolument impossible. Tout du moins, c'était ma pensée. Futile Hannibal. J'ai croisé mes jambes en tailleur, croquant un autre morceau de pomme, et dans cet instant bien monotone, j'ai répondu :

"Très chère, si vous n'avez rien, vous êtes donc quelque chose. Mais je vais vous poser la question d'une simple journée. Et si vous avez pu lire quelque chose qui n'existe pas, eh bien dois-je prendre la peine de vous quémander ceci ou cela ?"

Je me suis rapprochée de cette jeune fille, l’œil scintillant, la mine pourtant impassible. Au final, j'ai posé la question qui me trottait sur les lèvres, une petite question sans dessus dessous. La question d'un rien devenu quelque chose.

"Avez-vous l'Hippopotame ?"

Était-ce donc ta question ? La question qui résonne dans ta pauvre tête ? Elle te hante, tu veux l'Hippopotame. Mais quel est donc l'Hippopotame ? Tu te léchais la lèvre supérieure, attendant sa réponse, continuant à mâcher le morceau de pomme bien acidulé. D'ailleurs, pourquoi la vouvoyais-tu désormais ? Étrange...Suave. Pour aucune raison plausible, par simple désir de ne jamais rester sur les mêmes mots, cela semblait plus amusant, n'est-il pas ? J'ai posé mes coudes sur mes genoux, mes mains refermées soutenant mon visage tandis que je l'observai, avide de réponses, dans une position purement burlesque et précaire, parce que je n'avais pas envie de rester assise là, banalement. Pourquoi la banalité ? Quel ennui ! Un nouveau murmure s'échappa de ma gorge, souffle envieux de connaissance, interrogation rocambolesque :

"Aimez-vous l'Hippopotame ?"

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Décidément, elle ne tombait que sur des fous, des malades. Mais on y pouvait rien, chacun avait sa propre personnalité. La seule chose que Kobra pouvait faire, c'était de lâcher un long soupir. Elle ne répondait rien à sa première réplique. Avait-elle un sens ? Bien sûr, tout a un sens et une logique. Du moins, de ce que l'homme pense. La première question étonna la jeune femme, jusqu'à lever un sourcil pour poser son regard sur la demoiselle de la rue. Avez-vous l’Hippopotame ? Drôle de question. La seule réponse qu'elle aura, c'était un haussement d'épaule de la part de Kobra, croquant encore une fois dans sa pomme pratiquement finie. La deuxième question était similaire à la première, seul le verbe changeait. Prise d'un moment de réflexion, la jeune femme jeta son trognon de pomme dans les égouts avant de prendre son menton entre l'index et le pouce.

« Il est doté d'une force phénoménale. Une belle bête. Je ne l'admire pas. Je ne l'aime pas. Mais je ne le déteste pas non plus. »

Kobra lâchait un bâillement sans gêne.

« J'espère que vous avez récolté la chose que vous désirez tant. »

Même si il n'y avait rien à savoir là dessus.

Are you alive ?

Tu gonflas les joues, geste enfantin, peut-être une manière de montrer ton agacement ? Mais un agacement de quoi, Hannibal ? Tendre Jeanne, tu devrais arrêter de courir dans tous les sens, de chercher à tomber, de trouver l'idée même du canon d'un flingue entre tes dents jouissive. Je fais ce que je souhaite, comme jeter le trognon dans la fontaine, sans me soucier des cris plus loin ; on avait dû trouver le corps, ou bien le corps avait trouvé quelques témoins. Qu'importe. Je n'ai pas à me soucier des morts, après tout, ils sont déjà engloutis par l'Hippopotame.

Sa réponse ne me plut guère, ou bien la détestais-je ? Nullement. Simplement, ce n'était pas une réponse claire, et j'aimais la clarté. Tu es pourtant aussi brumeuse qu'un matin d'hiver. J'ai penché la tête de côté, la fixant encore pour soupirer d'une fausse déception :

"J'aurais souhaité être la seule à penser Hippopotame, à aimer Hippopotame. Tant pis."

Tu es folle, Hannibal, n'est-ce pas ? Une folie un peu douce, une folie endormie, une folie voulue et contrôlée par tes mains de pianiste. Je me suis levée, étirant sans la moindre gêne mes bras vers le ciel, pour mieux gratter du plat de la petite lame remplaçant ma main droite, ma nuque. Un étirement en réponse à son bâillement, certainement. Tu es grande Hannibal, mais tes formes ne sont pas avantageuses. Ta tête dépasse celle des autres femmes, des nobles, des vauriens, et pourtant, tu la penchais vers ton interlocutrice, oui Jeanne, tu te penchais, la main sur ta hanche. Un petit sourire étira mes lèvres :

"Je n'ai rien récolté, mais un rien est un quelque chose. Dites-moi, avez-vous des livres ?"

Question surprenante, et pourtant qui avait tout son sens dans ta caboche.

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« Hiaaaaa ! » était le cri d'une passante en voyant une chose horrible. Qu'était-ce donc ? Kobra ne le savait pas exactement, mais cela avait fait venir du monde, peut-être qu'un mort a été trouvé, un vol ? Un viol en direct ? Mais tout est possible ici. Vraiment. La Marine Royale était présente et se demandaient comme tous les passants ce qui s'était passé. Vraiment. Kobra revenait à la réalité, soit la présence de cette inconnue qui venait de lui poser la plus belle des questions. Des livres ?

« J'ai des livres de Shakespeare, ou encore de François Rabelais. Pourquoi donc cette question ? »

La jeune femme continuait à regarder cette inconnue alors qu'elle s'étirait encore et encore. Mh. Kobra posait ses coudes sur ses genoux, se penchant légèrement en avant pour mieux apercevoir le visage de la personne.

« ... Et vous ? »

Cela était dit d'un ton plutôt moqueur. Rare sont les personnes qui savent lire, surtout les personnes de la rue.

Are you alive ?

Shakespeare ? Rabelais ? Je n'en avais jamais entendu parler, quoique, peut-être qu'un de ces ouvrages se trouvait dans ma bibliothèque ? J'aimais me pencher sur ce papier vieilli, à l'odeur fort enivrante, mais l'idée de ne savoir écrire et lire me peinait à merveille. Pourtant, ne me permettait-elle pas de créer mes propres histoires en m'inspirant de ces signes et de ces courbures ?

"Pourquoi donc cette question...Mh...Pourquoi l'Hippopotame ?"

Retourner la question par une autre sans objectif. Tout toi, Hannibal. Je pris la peine de m'incliner burlesquement à son égard, ne prêtant pas attention à l'attroupement plus loin, il ne valait mieux pas, comme dit avant. Aucune importance. Exceptée celle d'un livre aux contours dorés bien disparate dans ma veste, mais chut, c'est un secret, un secret caché dans la gueule d'un hippopotame. Je n'ai pas relevé son sourire quelque peu moqueur, mais je répondis. Tu répondis d'une voix suave et mielleuse, malgré ton air ennuyé.

"J'aime les livres, ils me fascinent, je peux rester des heures à les regarder. Néanmoins, ma collection n'est guère complète. Rabelais et autre Shakespeare ? Je ne sais point si je les ai. Cependant..."

Un sourire plus malicieux et saurien étira tes lèvres, tandis que tu continuais, te rapprochant de cette plausible noble d'un pas silencieux et lent.

"Je crois que vos livres m'intéresseraient grandement."

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Cette histoire avec l'hippopotame l'ennuyait terriblement. La seule chose qu'elle aurait envie de faire, c'était de partir d'ici très vite. Cependant, ça n'allait pas être une mince affaire, cette femme risquait à coup sûr de la poursuivre jusque dans sa demeure et qui sait, peut-être la piller, la voler. Cependant, elle sera bien dans l'embarras si elle se trouvait face à Georges, vraiment ... Elle n'avait pas idée.

« Je n'ai pas mes livres ici, ni ailleurs et je les prête rarement. »

Kobra se leva sans prendre la peine de regarder la femme.

« Comment avez-vous appris à lire, dites moi ? L’hippopotame je présume ?»

Sourire mesquin sur ses lèvres, elle emportait son sac de pommes et attendait la réponse de la jeune inconnue avant de pouvoir partir au fort, fort, fort lointain.

Are you alive ?

Hannibal, fuis, ils risquent de te soupçonner, tu fais tâche ici. Hannibal, écoute-moi, ne suis pas cet horrible intérêt pour ce que tu ne comprends pas. Hannibal, Molly ne va pas t'attendre, tu sais...Hannibal ! Je sais bien que le temps est compté, mais du Rabelais et du Shakespeare, ces noms ont l'air bien unique, et je veux me procurer ces livres, je veux savoir.

"Je ne demande pas à ce que vous me les prêtiez, je souhaite seulement obtenir deux ouvrages de Rabelais et Shakespeare. Oh, et hélas tendre demoiselle, l'Hippopotame n'a pas pris la peine de m'apprendre à lire, il s'est juste en allé, par delà les eaux."

J'ai penché la tête de côté, curieuse d'en apprendre plus, curiosité saurienne. Et puis au final, je me suis tenue devant elle, pour qu'elle ne puisse pas partir, ou plutôt, parce que je ne prenais jamais en traître. Je voulais deux livres, je les aurais. Je veux apprendre. Stupide Jeanne, tu dois être la seule à exposer ton plan à ta plausible victime. Mais prends garde, Hannibal, rien n'est facile, et tu risques d'être surprise. Je cherche à être surprise, je veux l'adrénaline, je quémande la difficulté. Sentir une lame effleurer ma peau, ou une balle transpercer mon épaule, n'est-ce pas jouissif ? Tu veux simplement te sentir vivante, au contraire de chaque jour qui passe. J'en ai assez de ne pas ressentir la souffrance...Ma voix tonna dans l'air, dans une explication claire, comme si je parlais d'une recette de cuisine :

"Je voudrais vous prendre en otage afin d'obtenir deux de vos livres. Je vous laisserai ensuite partir, en prenant les deux ouvrages en compensation, puis je voguerai de ci, de là, et vous n'entendrez plus parler de moi, foi d'hippopotame !"

Je me suis lentement inclinée, comme si j'allais commencer une danse, pour mieux relever mon visage vers mon interlocutrice, un sourire sournois aux lèvres. Vil reptile. J'ai finalement présenté ma seule main vers elle, comme pour serrer la sienne, continuant par des présentations.

"Je vous défie donc, maître d'armes, sous l'identité de Hannibal, du Sloop William. Oh et entre nous..."

J'ai murmuré en m'approchant, lui faisant un clin d’œil ironique, telle une confidence. Comment savais-je pour sa profession ? Il faut être bigleux pour ne point l'avoir remarqué.

"Une femme maître d'armes, c'est rare, et l'Hippopotame et moi-même en sommes ravis."

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Je n'allais pas partir. Tu n'allais pas partir. Elle n'allait décidément jamais partir d'ici. Kobra avait perdu assez de temps comme ça. Mais l'inconnue qui porte le nom de Hannibal, lui empêchait de partir d'ici. Tiens, ce nom lui était familier ... Pas celle de la femme

« ... Sloop William ? »

La jeune femme admirait le capitaine de ce bateau, Molly. Molly Rainworth pour être exact. Qui ne connaissait pas cette femme pirate qui avait déjà bien amoché un bon nombre de personne ? Alors cette femme faisait partie de son équipage.
Soit.

« Eh bien, si vous insistez pour une présentation. »

Kobra s'inclina légèrement comme pour saluer une noble.

« Kobra Salamero, maître d'armes à ses heures perdues et ancienne noble. Un combat ne serait pas de refus, cependant, je trouve le lieu très inapproprié. Mais ... Ce genre de chose n'est pas nécessaire. Je préfère les échanges, voyez vous ? »

Elle se releva avant de regarder à droite et à gauche et de poser son regard sur Hannibal, le sourire aux lèvres.

« Des livres en échange d'informations fiables. »

Le mot fiable ne fait pas partie du vocabulaire des pirates, mais sait-on jamais.

Are you alive ?

On dirait que le Sloop William intéressait la belle. Ton regard scintilla, autant que son sourire. Supposais-tu avoir trouvé un point sur lequel appuyer ? Une faiblesse. Penses-tu que chacun en possède une, comme toi ? Tu es une usine à faiblesses, à fissures, détruite et amochée, épave sans dessus dessous, qui observe le ciel et la terre sans réel intérêt, excepté celui d'un hippopotame. Mais personne n'a l'air de comprendre. Personne ne peut comprendre l'intérêt de l'Hippopotame. C'est ce qui fait qu'il sera mien.

Tu penchas la tête sur le côté, la mine taciturne, légèrement interrogatrice, on aurait presque cru croire que des écailles brillaient sur ta joue, petites écailles bien curieuses. Kobra mh ? Cela me rappelait le serpent, il avait mordu un homme, dans la rue. Tu faisais encore les trottoirs, Molly n'était pas encore apparue, tu te noyais dans ta propre merde. Il gisait au sol, tremblant. Un cobra, un cobra importé qui avait réussi à s'enfuir, et puis le mal a été fait, il fût mordu. Tu t'es rendue compte de la fragilité des hommes n'est-ce pas ? Quand tu as coupé la partie mordue, un poignet, tout frais, dans ses hurlements rauques. Pourquoi l'avais-tu sauvé ? Il ne t'a pas même remercié. Et pourquoi respirer ? C'est une question futile. Retournons à Kobra, dont le nom me disait bien quelque chose, et ma mine se peignit d'un léger sourire.

"Je croyais que les Salamero avaient tous cramés dans le barbecue géant. Quelle surprise !"

Comment savais-tu ? Parce que tu as soif de connaissance, et bien que tu semblas analphabète, tu savais écouter les conversations, enregistrer chaque émotion. Tout est bon à prendre, tout peut être utile...Simple obsession gardée par les années à vivre pour survivre, à survivre pour vivre. Du coin de l’œil, je fixais les marines s'attroupant autour de la victime, sur laquelle j'avais laissé un couteau sur mon passage, exprès ou non, qu'importe. Il ne restait que peu de temps avant qu'on ne me remarqua, de ce fait il valait mieux abréger la conversation. J'ai donc rendu la révérence à cette Kobra.

"Informations...Elles peuvent être rumeurs. Je ne suis qu'une colportrice, mais je peux tenter, et puis l'échange me semble faire affaire. Vous avez cinq minutes, mademoiselle Salamero."

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Kobra leva un sourcil en entendant son nom de famille sortir des lèvres de cette cannibale.

« Cette histoire existe encore ? Je suis étonnée que certains pirates s'en souviennent. C'est dommage, je suis endurante et je n'y peux rien. »

Sourire mesquin. En effet, même si la famille Salamero était connue pour être de bons nobles et de très bons vendeurs ... Elle avait définitivement disparu de la surface de la terre, seule Kobra avait survécu, et ce n'était pas plus mal, non ?
Le temps lui était compté.

« Je veux savoir un maximum de chose sur Molly Rainworth. »

Même si cela n'était que des rumeurs, elle s'en foutait complètement. On ne sait jamais si on vous dira la vérité ou le mensonge, jamais, jusqu'à preuve du contraire. Alors on se contente de ce que l'on a.

« Et les livres seront à vous, Hannibal. »

Are you alive ?

Serait-ce ton épaule qui se crispe, ou bien un léger sursaut corporel ? Entendre le nom de ta capitaine te surprenait-il ? Non, pas réellement. Son intérêt pour le Sloop William ne pouvait être dû qu'à sa propriétaire. Molly. J'ai plissé les yeux, penchant la tête de côté, réfléchissant, mais hélas, la réponse semblait toute trouvée, et j'avais mal compté ; il me restait moins de cinq minutes. Entends-tu les pas de ces marines ? On ne peut mieux. Ma voix se fit plus ennuyée tandis que je répondais :

"Très chère Kobra, votre question est si générale...Je ne puis vous répondre et puis...Molly est ma capitaine, et je lui suis hélas fidèle. Donner des informations sur sa personne même pour tous les livres du monde ne m'avancerait à rien, exceptée à la trahir. Or, je ne souhaite guère perdre ma tête et mon grade à ses yeux..."

J'ai haussé les épaules, comme pour accentuer ce moment fatidique, un sourire amusé aux lèvres. J'ai tourné mon regard vers les marines me suspectant ; je n'étais pas d'ici, et ma lame accrochée à ma cuisse semblait bien identique à celle laissée sur le corps. Aurais-tu fait exprès ? Juste pour risquer ta vie ? Juste pour respirer un air banni ? Ma lame remplaçant ma paume coupa une des cordes retenant les tonneaux sur le côté. Une diversion tout à fait banale, digne d'un simple pirate, je l'avoue. Mais je n'ai jamais dit que je souhaitais me trouver atypique...L'aurais-je susurré ? Taisez-vous, vous m'ennuyez.

Je commençais à courir, m'arrêtant près de la jeune femme pour terminer :

"Molly est Molly, la femme pirate, celle à la poigne de fer, celle que tu connais par delà les rumeurs."

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Un profond soupir s'échappait des lèvres de la jeune noble. Impossible de pouvoir communiquer avec elle. Impossible. Après la fuite d'Hannibal, un garde de la marine courrait en directement de Kobra, sûrement attiré par la conversation entre cette pirate et elle.

« Madame. Qui était-ce à l'instant même ? »

Kobra ne répondait rien. Ses yeux fixaient cette femme partir au loin jusqu'à la perdre de vue.

« Un hippopotame. Sûrement. »

Le garde la regardait bizarrement. Kobra n'attendait pas une seconde de plus qu'elle partait à la direction opposée d'Hannibal. En espérant qu'elle ne la recroise pas de nouveau. Au final, elle n'aura pas rencontré Shakespeare.