Encore une fois, ça avait été une belle soirée de bagarre et de rire à la taverne. Cette fois-ci encore, c'était partie d'une broutille sans importance mais qui prenait des ampleurs incroyable. Marc était en train de balayer les bouts de verre qui traînait ici et là. Le soleil commençait à pointait le bout de son nez mais difficilement alors difficile de voir correctement dans la taverne. Mais il était habitué. La plus part des pirates étaient partit depuis un moment, d'autre était en train de dormir à l'étage et le reste n'avait pas quitté le rez-de-chaussé, trop tenace face à la fatigue pour ça.

Mais le rhum et autre alcool diminuait à chaque chope. Marc attendait d'ailleurs la livraison qui devait bientôt arriver avant d'aller piquer un petit roupillon de quelques heures. Le stock de la taverne avait besoin de se remplir avant se soir au risque de voir sa tête voler par crise de nerf de la part des habitués. Heureusement, la porte s'ouvrit sur une jeune femme qui amenait la livraison. Ce soir, ça allait repartir de plus belle. Marc posa son balai et avança vert la porte.

« Oui, on m'a informé d'la livraison... Mais diantre ! Vous portez ça toute seule à chaque fois ? J'vais vous aider. »

Marc était sortit pour voir le nombre de tonneaux à transporter jusqu'à la salle du fond. Il y en avait pas mal, dis donc. Et personne n'attendait près d'eux pour aider la dame à les transporter, quel manque de galanterie. Il en prit un en main et commença à les transporter vers l'endroit où on les stockait. Ça avançait doucement mais sûrement !

« Rien qu'd'me dire qu'ces tonneaux ont été secoués dans la soute m'donne une d'ces nausées... » dit-il en ravalant sa salive.

Rien qu'en imaginant un bateau chevaucher des vagues, même calme, lui fait tourner la tête. Et dans tout ça, à force de fréquenter ces forbans dans la taverne, il en a développé le même façon de parler.

Bien que les tonneaux ne soient pas remplis à ras bord et que l'alcool était semblable à la mer qui était tout sauf calme à l'intérieur - ce qui provoqua un petit malaise chez notre serveur -, le nombre de ces-derniers étaient bien plus rapide à deux. C'est la dame qui faisait la livraison qui posa le dernier au grand soulagement et de Marc, et sûrement de cette dernière également. Il n'avait pas l'habitude de porter des choses aussi lourdes, une bourse est beaucoup plus léger comme objet.

« J'ai un mal de mer m'dame. Et pas un p'tit ! Alors, j'évite un maximum l'océan. »

La dame était maintenant assise sur une chaise pour se reposer un peu de tous ces efforts. Elle lui avait demandé pourquoi n'aimait-il pas la mer et il lui avait répondu depuis la réserve d'alcool. Il entamait lui-même le nouveau stock, tout frais. Il prit deux chopes et les remplies une par une. Non pas qu'un pirate avait levé la main pour avoir du rhum alors qu'il somnolait encore, mais Marc pensait offrir à boire avant que la dame ne reparte sans s'être un peu rafraîchit. Il se permit donc de s'asseoir à sa table.

« Vous avez soif ? » dit-il en tendant le verre devant elle.

Si elle refusait, ce n'était pas grave, il boirait le deuxième lui-même. Il tenait plutôt bien l'alcool.

Elle la chope que lui tendait Marc avec un peu d'hésitation. Il espérait qu'il n'avait pas l'impression qu'il la forçait à boire le breuvage. Il attendit un peu avant de commencer à se soûler et quand il vit qu'elle entama son verre, il porta son propre verre près de ses lèvres à son tour. A peine avait-il pris une gorgée et reposé son verre qu'il en repris une autre.

« Pas mauvais. »

Il n'était pas spécialiste, mais c'était vraiment pas mauvais. Ils y en a qui ne vont pas être déçu ce soir. Encore faut-il qu'ils fassent attention au goût au lieu de tout engloutir d'un seul coup. Alors qu'il entama la dernière gorgée pour finir son verre, la dame lui parla. Marc ne s’interrompit pas pour autant mais l'écouta avec attention pour lui répondre. Et il répondit après avoir prit d'un coup de langue la dernière goutte d'alcool.

« Oh, pas tant qu'ça ! J'm'en porte pas plus mal d'pas bourlinguer sur les mers. J'vais même très bien. »

Rien que de les écouter lui retournait l'estomac. En rêver la nuit ne ferait que remonter le repas qu'il aurait manger quelques heures plus tôt. Il grimaça rien que d'y penser. Jugeant que regarder une femme avec insistance était trop impoli, Marc alla se chercher un second et dernier verre pour ne pas avoir les mains vides.

« Et vous ? Vous voulez vivre ces périples ? »

Il l'écoutait parler tout en buvant son verre, doucement. Elle lui raconter qu'elle n'avait nul le temps entre ses livraisons et la préparation de l'alcool, en bref avec son travail, pour se permettre de vivre les périples de un ou deux fous qui recherchent de l'or toute la journée. Elle avoua même ne pas supporter l'attitude de certains. Comme elle l'avait dit, la question n'était pas de savoir si elle voulait vivre ses périples mais si elle en avait elle temps... Enfin, pour les vivre -si on a le temps-, il faut bien le vouloir. La question n'était pas dénudée de sens.

« Mais j’admets que, de temps à autres, entendre leurs histoires invraisemblables me fait un peu rêver. Pas rêver dans le sens où je l’ai accompagnerais mais c’est comme si on me racontait une histoire. Qui ramène loin du quotidien monotone. »

Marc était partie derrière le comptoir pour laver sa choppe. Il avait eu le tant de la déguster et l'avait fini depuis. Et il s'était bien dit que c'était sa dernière pour aujourd'hui ! Il remplie d'eau avec un jet puissant, la vida, prit un torchon puis commença à l'astiquer. Il n'avait pas oublier la livreuse et l'écouter toujours. Pour preuve, il entendit quand elle lui posa une question après avoir fini son verre, cul sec.

« Disons que j'tais pas destiné à c'métier étant p'tit. Et vous ? Ç'fait longtemps qu'vous livrez ? »

La dame rapporta sa chope à Marc qui s'empressa de la laver et de l'astiquer pour qu'elle soit propre, elle aussi. Il remplissait d'eau la chope quand il vit la livreuse passer son doigt sur la poussière qui s’accumulait et volait le soir sur le comptoir. Il rajouta à sa liste TO DO spirituel qu'il devait nettoyer ici la prochaine fois.

Tout en l'écoutant, il la regardait écrire des mots qu'elle était en train de dire dans la poussière. En le remarquant, elle essaya de détourner le regard de Marc afin de rendre illisible ses petites étourderies. Marc rie un peu avant de la regarder dans les yeux afin de répondre à sa question.

« Oh, j'prenais un doublon par-ci, un doublon par-là. Et puis 'l y a des jours où on gagne l'jackpot. Fallait avoir d'la chance. » dit-il en rigolant.

Marc essayer bien sûr de ne pas dire "voleur" de but en blanc. Mais ça l'amusait un peu, justement, ne pas y aller directement mais de faire des détours. Il essuya une dernière fois les deux verres et alla les ranger à côté des autres. Puis alla s’asseoir devant le comptoir, à côté de la dame.

« Mais l'métier d'serveur paye bien mieux ! »/