J'avais fait brûler de la mélisse dans ma petite coupelle en terre cuit, et la fumée et l'odeur avait bientôt envahit mon office. J'en respirais de grande bouffée. Toujours ce même cauchemar qui me réveillait en sursaut et qui me provoquait d'horrible crise d'angoisse. Le bruit de bois qui craque, puis qui cède. Les os qui s’entrechoquent... J'étais prise d'une nouvelle vague de frissons, et inspirait encore plus fort. Je savais que mes yeux étaient cernées. Il allait sérieusement falloir que je fasses quelques choses pour mes soucis. Je ne pouvais plus me permettre de faire des nuits blanches avec mon nouveau rythme de vie. Après tout la boutique marchait plutôt bien, et je devais maintenant sérieusement aménager mon emploie du temps. Et, ironiquement, je n'avais pas forcément plus d'argent pour survivre.
Je sursautais quand quelqu'un frappa à la porte, et me redressais sur ma chaise en bois. Je n'avais aucun rendez-vous, mais pas mal de personne préférais venir me voir à l'improviste. Remettant une de mes mèches blondes en place, je soufflais un peu sur la mélisse pour que la fumée se fasse moins dense et évite d'incommoder mon client ; qui, apparemment, était une cliente. J'étais plutôt étonnée de voir sa couleur de cheveux, assez atypique. Mais je n'en faisais rien, me contentant de me lever et de lui adresser mon plus beau sourire.
- Bienvenue, mademoiselle
D'un geste de la main calculé et gracieux comme je savais les faire, je lui indiquais la chaise juste en face de mon bureau tordu. Mystérieuse, puissante. Voilà l'image que je devais donner.
- Je vous en prie, asseyez-vous et dites moi ce que la Carmencita peut faire pour vous...