Je ne sais pas pourquoi je suis ici. J'veux dire, c'est pas normal pour un pirate de se retrouver à Santa Rosalia avec la marine qui fait la conne et tout ça. Mais puisque je ne suis pas connu des autorités, je suis tranquille. Le but de ma présence c'est de trouver du vernis pour le pont du navire. Je ne suis pas tout seul dans la ville. On veut faire cela le plus rapidement possible. On l'a trouvé en plus ce vernis mais puisque le bateau est accosté de l'autre coté de l’île, dans la jungle, j'ai le temps de traîner un peu. Être sur la terre ferme, ça fait un bien fou. J'arrive finalement sur la place publique. Je regarde la potence. Y'a un type qui va se faire pendre. On va avoir droit à un joli spectacle. Je m'arrête donc et applaudit quand on lui passe la corde au cou. Y'a des gens qui me jettent des coup d’œil. Ben quoi ? C'est toujours mieux de regarder que de se le faire faire. Je me rends compte que autour de moi il y a des gens habillés joliment. Mieux que mes loques à moi. J'ai comme l'impression de pas être dans le secteur que je devrais être.

( Wah, ça change des rps de 150 lignes que je fais d'habitude '_' )

Le type est mort. Je me gratte le ventre. Cette histoire m'a donné faim. J'observe des enfants qui ont le loisir de picorer d'un bâton le cadavre avant qu'un soldat ne les éloigne d'un coup de bâton. Ça me fait ricaner encore un peu. Ah nostalgie. Quand j'étais jeune... enfin, je ne suis pas encore très vieux mais il y a dix ans je me rappelle que moi aussi je picorais les cadavres. Il y a une falaise à Haïti où mon frère et moi aimions jouer. Une fois il y avait trois hommes pendus là. Leurs corps n'étaient plus de la bonne couleur. On aurait dit qu'ils étaient recouverts d'un croûte grisâtre et que la corde qui les retenait à l'arbre était beaucoup plus solide qu'eux. Nous avions eu l'idée de prendre des bâtons et essayer de faire sortir les yeux de leurs orbites. Mais il n'y avait plus rien déjà. Au retour, nous avions croisé des corbeaux gros comme des poules. Depuis ce jour je me suis dit qu'avant de servir de repas aux corbeaux, je me tirerais une balle en plein front. Pas question d'être pendu. Une voix attire alors mon attention, hors de mes rêveries. C'est une voix de fille. Je me retourne prestement. Elle parle français.

« Mourir ? Y'a que les abrutis qui se font tuer. »

Et là elle me relance. Non mais elle se prend pour qui celle-là ? Elle se croit peut-être égale à l'homme que je suis ? Laissez moi rire. Il n'empêche, j'aime bien quand les chattes viennent ronronner vers moi. J'ai un de ces charismes, je vous dit pas. Je m'approche d'elle et me penche un peu pour être à sa hauteur.

« Hé, c'est grave ce que tu viens de dire. Tu sais ce qui arrive aux femmes qui ne savent pas tenir leur langue ? »

Je fouette le haut de son capuchon avec ma main, dévoilant son visage. Elle est vraiment pas moche. Pas moche du tout. Sa peau n'a jamais connu les vents salins, les infections de peau. Ses doigts doivent êtres blancs et doux comme de la laine. Je regarde les miennes. C'est noir et rugueux.

« Ma jolie, il est où ton mari ? C'est pas prudent de s'adresser à un type comme moi, toute seule comme ça. Tu pourrais avoir des ennuis... »

Sur ce, je tire légèrement le couteau que je garde à la ceinture et hausse les sourcils. Je ne dois pas me faire remarquer mais si j'étais libre de mes gestes, elle paierait chère son insolence.

Je range mon couteau en place et me gratte le menton. Qu'est-ce que vous voudriez que je fasse de plus ? Cette femme est visiblement complètement dérangée, bonne pour l'asile. Avez-vous déjà vu une femme de son âge défiée un homme au sabre en pleine place publique ? Je croyais qu'elles n'avaient même pas le droit de posséder une arme. Je ne suis pas ici pour me battre. Si on aurait été à Tortuga, je lui aurais appris les bonnes manières. Mais là... Bof. Alors je secoue la tête avec un sourire et m'éloigne d'elle. Qu'est-ce que vous voudriez de plus ? Sauf qu'après trois pas, j'arrive vis à vis d'un type plus vieux et qui crache. Je tente de le contourner mais il me repousse. Oh. Lui, c'est pas une fille. Je suis en droit de lui taper dessus.

« Hé l'ami, tu es dans mon chemin. »

« Ici, c'est une ville espagnole maintenant. Les nègres dans ton genre doivent montrer plus de respect à l'inquisiteur. »

Je le regarde, je regarde la fille, je regarde mon couteau. Bon, j'ai deux options. Mais puisque je suis un pirate, je vais pas prendre le temps de réfléchir. Je frappe le type en plein sur le nez avec mon poing. Ça attire les gens, et pour de bon cette fois. J'entends une voix qui demande d'aller chercher des soldats. Vite, réfléchir, vite. Le mieux c'est de s'enfuir je crois. C'est ce que je fais, je me retourne vers la fille. Qui est encore là pour une raison obscure et j'agrippe un pan de sa cape. Vous voyez un peu l'effet que ça fait ? Je la traîne avec moi mais le but c'est que sa cape se sépare d'elle. Je m'en fous un peu de la fille en tant que tel mais avec une cape, je passerai plus inaperçu.

« Je rigole pas, désagrafe ta cape et j'te laisse tranquille. »

Ok. Plan B. Je dois me calmer et être moins... impulsif. Voilà. Enfin, j'imagine que c'est ça le mot. Je n'ai pas beaucoup de talent pour les lettres. Il n'empêche, je sais me débrouiller pour parlementer. Alors je m'empresse de le faire avec cette fille. Avant que les autres ne se remmènent et que je passe un sale quart d'heure. Je prends donc une grande inspiration et approche doucement la main de la lame. Histoire de me dégager le cou.

« Pas la peine de nous énerver. J'crois qu'on a commencé du mauvais pied. »

Je jette un regard derrière la tête de la fille. Je dois me dépêcher. J'ai pas envie d'avoir la corde au cou comme on disait. Et surtout pas si c'est de la main de villageois de l'inquisition espagnole, des racistes de surcroît. J'ai ma fierté. Même si je serais prêt à la vendre au premier venu pour pouvoir m'enfuir.

« Écoutez, j'suis pas un mauvais bougre, j'suis juste pas très adroit quand y s'agit de m'exprimer. »

Je recule d'un pas, je louche vers la lame comme vers l'horizon.

« Laissez moi aller, pensez à la charité chrétienne. Je prierai pour vous à l'église si vous me laissez tranquille. »

Bon, mon discours n'a pas l'air de fonctionné. Je suis nerveux, je sens la sueur perlé sur mes sourcils. Je siffle plus que je parle. Si on était sur Tortuga... elle serait morte.

« Vous êtes une femme, vous devriez comprendre comment on se sent opposé à des discriminations ! On doit s'entraider dans l'adversitruc. J'suis pas un mauvais bougre moi, m'dame. »

( désolé du retard, je suis tombé malade -.- )