Qui veut la tête de Barbe Noire ? [Quête, with Colombe & Elizabeth]

Tortuga. Le foyer des rebelles. La capitale des insoumis. Le quartier général des traîtres et autres rebuts qui, en plus de refuser l’autorité de l’empereur, menacent la vie de ses sujets. C’est assez étrange de les laisser libres, non ? En même temps, j’imagine que le Royaume-Uni a dû y gagner, il fut un temps. Tandis qu’ils naviguaient selon leur bon gré, ils peuvent pirates dans les eaux ennemies et causer pas mal de tort en face. Impunément, qui plus est, et nous ne pouvions être incriminés. Mais là…
Je suis quand même dans cette ville incognito et l’impression demeure étrange. Si l’on m’avait envoyé en ces lieux il y a maintenant un petit bout de temps, pour débusquer le célèbre Barbe Noire, cette fois c’est différent. La situation est tout autre et je suis seul. Tout seul. Très seul. Je m’intègre comme je peux. Je bois un coup – ou attends toujours d’en boire un – et ne me lasse d’être vigilant. Autour de moi les fous. Des ivrognes, marins d’eau douce, unijambistes et autres déviances de la nature. J’ai beau être un homme de mon temps, ouvert et discipliné, je trouve ces racailles ignobles et peu ragoutant. Je m’en passerais bien, si seulement je pouvais. À part que, n’étant pas là pour rien, m’en aller n’est pas la solution. Je ressors d’ailleurs une lettre de marque reçue de l’amirauté. Encore une. Celle-ci est pourtant unique puisqu’elle est la continuité d’une mission précédente et m’envoie officiellement au casse-pipe. Depuis que nous gouvernons Santa Rosalia et la région assidument, certains éléments sont devenus indésirables. Notamment un des trois grands pirates. Il va falloir s’y frotter.
En tout cas, en attendant, je relève les yeux, plie le papier et jette un œil à la serveuse. Et un claquement de doigts, un. Et moi de lui demander haut et fort :

« Alors, il vient ce rhum ? »

Ah, Tortuga. Ses ivrognes et autres forbans, sa crasse et ses escrocs. Magnifique lieu de tourisme, évidemment. Tant de choses à voir, entre les prostituées plus très fraiches, la saleté et les ordures, les tessons de bouteilles et les restes d’un repas trop vite avalé, rapidement rendu à coup d’excès d’alcool. Charmant, oui. Tout à fait. Et donc, c’était un jour de plus dans ce putain d’enfer dégoutant qui s’écoulait, le tout sans se presser. Pour sûr, Colombe en était ravie, elle qui aimait tant cet endroit et sa population hétéroclite. Oh oui, une vraie histoire d’amour entre la pulpeuse rouquine et les autochtones.

La bonne blague.

Ce n’était pas franchement de bonté de cœur qu’elle se rendait à la taverne du coin, lissant une énième fois un pli dérangeant de sa robe, le vieux tissu de coton vaguement gris effleurant ses chevilles, alors que le corset trop usé, lui, comprimait ses côtes et faisait ressortir sa poitrine de façon presque indécente. Mais c’était soit ça, soit la tenue qui puait le poisson qu’elle portait à longueur de temps, sous un soleil de plomb. Quant à la raison de sa venue dans un lieu qu’elle abhorrait au plus haut point se résumait en deux mots. Ou plutôt, deux prénoms : Henry et Thomas. Ses deux frères, qu’elle gratifiait d’adjectifs aussi charmants que « crétins » ou encore « inutiles » et parfois même « imbéciles ». D’un autre côté, ils n’étaient pas bien utiles, te passaient plus de temps à picoler qu’à aider leur père avec les livraisons et divers filets à remonter.

Et donc, c’était à elle qu’incombait la tâche fort ingrate d’aller récupérer les deux ivrognes, surement avachis sur un tabouret miteux dans un coin de la gargote dégoutante.

Un soupir qui s’échappa, et elle finit par pousser la porte aux gonds grinçants, pénétrant dans la fameuse taverne. Des saoulards et des imbéciles, un tas de rats véreux et idiots. La seule chose qui pouvait la consoler dans le coin, c’était Elizabeth. Une amie, la seule peut-être. A qui elle adorait raconter toutes les vilénies qui pouvaient lui traverser l’esprit, sans que la jolie s’offusque. La seule aussi qui ne méritait visiblement pas le venin de Colombe. Il suffit d’un rapide coup d’œil pour la repérer, le tout faisant naître un sourire ravi sur ses lèvres boudeuses. Ce fut d’ailleurs d’un pas presque guilleret qu’elle la rejoignit, esquivant au passage la main d’un ivrogne souhaitant un peu trop se rapprocher de son fessier. Enflure.

Un bras passé autour de ses épaules, un baiser sur sa joue et un rire au creux de son oreille. Juste de quoi l’embêter un peu, avant de finalement lui glisser, le ton contrarié :

« Dis moi, t’aurais pas vu les deux débiles, par hasard ? »

Combien de fois lui avait-elle déjà posé cette question ? Trop souvent pour s’en rappeler, surement.

Elle finit par la lâcher, alors qu’une voix parvint à ses oreilles. Elle penche la tête, Colombe, glisse son regard sur l’homme. Un peu trop propre, faisant un peu tâche dans le décor. Et pourtant, toujours, elle sourit, reprenant la parole auprès de la serveuse :

« Je crois que ce monsieur t’attends ~ »

Et elle, étrangement, est de bonne humeur tout à coup.
Reste à voir si ça allait durer.

La taverne était certainement l'endroit le plus bordélique de toute l'île. Le Rhum était une tradition, une habitude, une boisson bien plus apprécié que l'eau qui y coulait à flot. L'eau, liquide sans gout, sans réel intéret mais pourtant bel et bien une ressource rare n'était pas quémandé dans le coin. Alors l'endroit ne puait que le Rhum et l'ivrogne. Ainsi toi, ton plateau, tes verres pleins mais plus pour très longtemps, tu zigzaguais entre les tables d'un pas aussi rapide que possible afin de faire cesser ces veaus meuglants assoiffés de leur breuvage. Diable qu'ils étaient impolis et impatients. Si l'argent ne rentrait pas grâce à ceux-ci, tu les aurais vite fait viré de l'endroit. Mais tu ne servais pas dans un salon de thé malheureusement.

Tout juste venait-elle d'entrer que des regards c'étaient braqués sur elle. Colombe. Une amie que tu avais le plaisir de voir régulièrement. Elle était très différente de ce qu'elle laissait voir mais finalement elle te ressemblait pas mal.Tu regardas le saligaud qui avait tenté maladroitement de poser sa main dégueulasse sur elle. Plus tard il aurait une correction, plus tard.

Ton sourire s'élargie visiblement sur ton faciès joyeux. Tu faisais les corvées dans la bonne humeur, cela te permettait d'avancer plus facilement, de trouver le temps moins long. C'était plus intéressant de travailler ainsi. Tu te tournas pour la serrer dans tes bras et lui déposer un bisous sur sa joue.

«Si, si. ~»

Tu la regardas. La pauvre. Devoir assumer ces deux frères. Leur état était le même que celui des autres soirs. Tu les pointas du doigt.

«Tu veux que je t'aide à les trainer chez toi ? »

Malgré ta stature fluette, tu étais capable de beaucoup. Tu remontas les manches tombantes , blanches, qui dénudaient tes épaules en offrant un décolleté à tous les regards. Les cols hauts ne sont pas vraiment d'actualités mais les longues jupes toujours. Vivement que tu puisses revêtir ces pantalons, bien plus pratique pour les déplacements.

Ton regard se posa sur cet homme qui réclamait de façon polie de quoi boire. Du Rhum. Tu t'attardas sur son visage qui ne te disait rien. Il n'était pas du coin certainement mais cela ne lui donnait pas plus de droit qu'un autre. Tu tournas tes mirettes vers la rousse avec un petit sourire.

« Monsieur peut bien attendre encore dans ce cas.~» Mais tu gueulas d'une façon élégante à ton tour. « Rho ca va ! J'arrive ! »

On ne peut courriger les mauvaises habitudes données par son milieu social. Il en va de même pour tout le monde. Cependant, il ne fallait pas profiter des bonnes choses trop longtemps non plus. Tu t'en allas chercher deux verres de Rhum, tu déposas le premier sur une table et t'en allas vers Colombe.

«Ta journée c'est bien passée ? »

Tu regardes une dernière fois l'homme. Et s'il était de la Marine ? Après tout, ce genre de type se reconnaissait de loin. Tu n'aimais pas ces gens là mais il fallait les servir alors tu le fis.

Si ce bouge ne me dis rien qui vaille, il faut bien m’y intégrer d’une façon ou d’une autre. Boire me semble être la meilleure, mais c’est assez la plus statique. Rester à table ne m’apporte rien. Du coup, j’hésite à venir au bar mais… une apparition. Soudain, ma tête se penche et un semblant de calme se fait. Qu’est-ce donc ? Une jeune femme ? Une… étrangère ? Non, c’est moi l’étranger. Pas de nationalité, quand on y regarde bien, vu que tout le monde est plus ou moins de partout. Mais elle a un petit quelque chose de spécial. Sa chevelure, notamment. Ça fait pirate. Ça fait plein de choses. Mes sourcils se froncent et je la suis des yeux. Elle parle avec la serveuse. Hmm…
Ce n’est que lorsque la chope arrive face à moi que je cesse de la voir. Suivant l’évolution de la barmaid, j’abandonne un instant cette rousse et m’occupe de l’autre. Elle est déjà repartie. Pas le temps de lui demander quoi que ce soit, tant pis. De toute manière, il va bien falloir que je me lève un jour ou l’autre. Alors je descends un peu ma boisson, zyeute de chaque côté et me retrouve debout. Sous des regards que je préfère ne pas voir, ma carcasse arrive au comptoir. Je m’accoude. Les deux demoiselles sont là.

« Dites… »

Je ne parle pas fort mais prends le temps de me faire entendre. Posant ma pinte sur le bord, je croise les pupilles de ces tenancières et compagnes, inconnues mais certainement plus au courant de ce qu’il se passe dans le coin qu’aucun autre.

« Z’avez un joli p’tit cul toutes les deux. Surtout toi, la blonde. Mais toi, la roussette, ça doit être un plaisir de pouvoir te tenir par la crinière pour t’enfoncer mon pieux dans la gorge… »

Oui, évidemment, l’entrée en matière n’est pas très poétique. Mais mes yeux qui ne sont encore vagues savent ce qu’ils font. Dans mon crâne, ça cogite. La stratégie adoptée est sûrement préférable à une autre. Si je parlais trop vite de ce qui m’amène, nul doute que les oreilles alentours se dresseraient. Et puis un pirate doit se faire mal voir, c’est un classique, non ? Alors avec ça, j’imagine que ça passera. Un léger sourire, je bois une gorgée et ne les quitte pas. Si j’arrivais à en avoir une sous la main, contente ou non, pour l’entraîner à l’écart, ce serait l’idéal. Le tout est d’arriver à les décrocher de ce comptoir sans avoir l’air de rien sinon d’un ivrogne fort commun. Ça peut se faire. J’espère.

Oh, dans ce trou dégoûtant, il n’y avait pas grand-chose à même de la mettre de bonne humeur. Sauf peut-être une petite discussion avec Elizabeth. Il fallait dire que lorsque l’on connaissait l’odieuse bête qu’était Colombe, la voir tout à coup aussi guillerette à l’idée d’interagir avec un personne –quelle horreur !- avait de quoi surprendre. Sauf que comme pour tout, il fallait une exception pour confirmer la règle. Et la demoiselle à la tignasse pâle était cette exception. Et quelle douce exception ! Bien que nullement intéressée par ses consœurs, elle devait bien avouer que la serveuse était bien mignonne, et tirait un plaisir certain au fait de la serrer contre elle. Un fait qui changeait grandement de son habituelle langue de vipère chargée d’un poison fort acide.

Pourtant, elle n’avait pas grand-chose contre les pirates. Ou du moins, ne les haïssait pas plus qu’elle pouvait abhorrer les autres. Cependant, il fallait bien avouer que la rouquine les préférait en mer plutôt que le pied à terre, bruyants et sales, inlassablement éméchés et toujours trop prompts à la confondre avec l’une des filles de joie du coin. Oh, la petite avait un certain respect pour ces femmes, bien que franchement horrifiée par leur condition bien souvent déplorable. Seulement, qu’un homme pense avoir le droit de poser ses paluches dégoutantes sur elle, sous prétexte qu’elle était plaisante ou juste parce qu’elle était une femme avait de quoi l’écœurer grandement.

Heureusement, encore une fois, Elizabeth était là. Un rire échappa encore à Colombe alors qu’elle subissait –et c’était un bien grand mot- l’affection de la serveuse. Ah, quelle pouvait la plaindre, elle aussi ! Somme tout, elle n’était pas si malchanceuse que ça, elle et ses carcasses de poissons.

« Bah, laissons-les là pour le moment. J’aviserais au moment venu. »

Un rire, encore, quelque chose de franchement moqueur, qui ne se cache pas. Elle ne cachait jamais rien avec elle, de toute façon. C’était tellement mieux de tous lui dire, comme ça. Dans le vif du sujet, de la méchanceté. Être ce qu’elle faisait de mieux.

« « Écœurante. Comme d’habitude. » Le ton était las, la moue boudeuse, comme souvent. Elle lui désigna quelques coupures ça et là sur ses doigts, ajoutant : « Le vieux était encore bien bourré, j’ai dû me démerder toute seule, sans les deux grands cons encore disparus. »

Autant dire que ça avait été une partie de plaisir, vraiment. Rien de plus merveilleux que de tirer sur des filets, les vider et les rejeter à la mer; rapiécer ceux qui se retrouvent troués, et ce le plus rapidement possible; vider la poiscaille et la faire livrer ou la vendre sur le champ. Une vie de rêve pour une fille comme elle, se trouvant trop bien pour tout, trop bien pour trop de choses. Si douce, si belle, si charmante.

Quelle connerie, hein.

Puis, elle aurait bien voulu retourner la question à sa vis-à-vis, continuer leur discussion badine et innocente, loin du bordel ambiant. Il fallut cependant qu’un type se pointe entre elles. Celui que la mignonette avait repéré un peu plus tôt, trop propre pour venir du coin, même de près. Il lui coupa la parole d’ailleurs, le saligaud. Et d’une façon qui la laissa pantoise. Les mirettes quelque peu écarquillées et les lèvres entrouvertes, sans qu’un seul mot n’en sorte.

Elle était soufflée. Outrée. Offusquée même ! Quoi qu’en y repensant, ce n’était pas la première fois qu’elle avait droit à de telles insanités. Mais à chaque fois, quel coup c’était à son orgueil, à sa fierté ! Et que dire, maintenant ? Elle n’allait pas rester là sans répondre, voyons. Dans ses entrailles, ça bouillait déjà, des envies de lui cracher au visage quelques vilénies bien senties, de se moquer de lui. Le tout avec un sourire.

Oui, elle lui sourit, le plus charmant qu’elle avait en stock, malgré l’agacement certain qui faisait battre le sang contre ses tempes et rosissait ses joues pâles.

« Oh, vraiment ? Devant tout le monde, comme ça ? Eh ben, y’en a qui ont peur de rien, dis donc. » Le ton doucereux, un peu trop.

Lui répondre était stupide, elle ferait surement mieux de l’ignorer, ce gros dégoutant qu’elle souhaitait être dévoré par un requin. Mais non, l’idiote se rapprocha un peu plus, s’accoudant au comptoir près de lui, ses atouts bien en vue. Elle se pensait invincible, mais elle était juste conne.

« Et qui me dit que t’as de quoi arriver jusque-là, de toute façon. » Les messieurs n’aimaient pas qu’on remette en doute la taille de leur virilité tant adorée.

Et elle est toujours proche, l’observe pour ensuite jeter un regard en coin à Elizabeth, sur ses lèvres un moue moqueuse qu’elle connait bien. Pourquoi ne pas jouer un peu, hein ?

Tu disparais un cours instant. Le temps de retourner au comptoir, le temps de faire un allé puis un retour, le temps de ne pas te faire engueuler. Tu repasses vers elle et contemple ses mains qui sont les choses les plus abimés de son corps. Dû moins, tu le supposes. Tu soupires encore et la regarde, un peu blasé. N'en avait elle pas marre de cette situation à la con qui ne faisait que l'ennuyer deux fois plus. Avec un faciès aussi mignon, elle serait prise dans des endroits moins rudes. Les filles ne sont pas sur les bateaux de pêches. Non. . .

Et l'idée traversa l'esprit avant de poser l'encre dans celui-ci.

Tu restas à regarder ses mains l'espace d'un instant. L'idée n'était pas mauvaise en soit. Plutôt bonne il fallait l'avouer. Après tout, qu'y avait il à perdre ? Et puis vous étiez amies, c'était la seule que tu pouvais compter d'ailleurs. Tu ne faisais que rarement de bonnes connaissances dans un endroit aussi lugubre. Alors, comme ta franchise brutale ne pouvait tenir en place, tu laissas parler tes idées sur la situation. Mais pas un mot sur cette idée.

«Tes frères ne te servent à rien. Pas plus que ton père. Laisses les. Ils vont finir par te faire couler. Va chercher du travail qui te fatiguera moins et te paiera autant. Ca devrait se trouver ! »

Chez certains c'était un sujet sensible, la famille. Chez d'autre, un précieux auquel il était impossible de dire mot de travers et d'autre encore s'en foutaient. Mais toi, qu'importait la personne en face, ta vérité sortait, qu'importait le prix à payer. Et qui sait combien de fois cela t'avais joué des tours.

Tu reparties, levant des fois ta robe pour esquiver certains passages encombrés. Une robe, mais combien de fois pestais-tu contre cette horrible chose qui moulait les formes, serrait le ventre, montrait la moitié des seins et laissait l'air passer comme dans un moulin sous le jupon.

Tu retournes au comptoir où tu poses les armes et t'arrêtes un instant pour prendre place à côté de Colombe. Pas le temps d'en placer une, le type louche vous aborde.Tu n'aimais déjà pas sa tête, il était préférable qu'il ne vienne pas trop chercher d'ennuies par ici. Quand bien même tu étais facilement agacée par ces débiles de buveurs, tu t'en faisais des clients fidèles que tu commençais à connaître à la pelle. Il est vrai que la solidarité ne faisait pas bon ménage avec tout le monde mais il suffisait de 3 personnes pour pouvoir arriver à quelque chose. Et si tu criais simplement qu'il était un type de la Marine ~ Peut-être que la solidarité n'avait pas besoin de venir jouer un rôle ...

Tu rigolas devant le répondant de Colombe. Toujours en délicatesse. Il y a longtemps que tu aurais finis la conversation avec cette écrevisse de rempart. Colombe était trop douce. Tu n'avais pas cette façon habile de jouer. Tu étais trop impulsive mais son regard voulait dire beaucoup. Elle voulait jouer.

«Au cas où tu n'aurais pas les yeux en face des trous, bois-sans-soif, les filles de joie c'est là-bas.»

Tu désignas la sortie d'un signe de tête avant de glisser tes mains dans ta chevelure blanche. A force de courir un peu partout , tes cheveux glissaient de ton ruban qui te permettait une queue de chevale. Tu tiras sur la boucle afin de libérer une cascade laiteuse qui se dirigea vers le bas de ton dos. Mais aussitôt libérer de l'emprise de l'accessoire, ils furent emprisonné dans tes mains afin d'être de nouveau hissés vers le sommet de ton crâne sur lequel tu les ratachas.

Je parle mal ? Oui, peut-être. Mais c’est justifié. C’est au nom d’une cause qui le mérite. Enfin, probablement. Et puis, de toute façon, ce n’est pas comme si je ne pensais pas ce que je dis, hein. C’est vrai qu’elles sont fichtrement mignonnes. Jeunes, fraîches dans cette ambiance vaseuse. Je me s’il ne s’agit pas des deux perles rares du coin. Pour m’en assurer, il faudrait que je détourne la tête et les yeux, mais je crois que le moment serait mal venu. En plus, j’ai commencé de manière assez agressive, il serait dommageable de devoir m’en prendre une dans la tronche alors que j’ai regardé ailleurs. Quoique le coup peut venir de n’importe où. Y’a de ces types dans c’t’endroit…
De toute façon, mes yeux sont suffisamment attirés par les leurs et par leurs poitrines gentiment mises en valeur. S’il me faut garder mon sang froid et me contenter de leurs adorables pupilles, je dois aussi me prêter au jeu et mater ces décolletés vertigineux. J’aime ces ouvertures sur d’aussi belles formes. Les contours des femmes sont beaux, harmonieux et toujours sensuels quand ils sont vus par un homme. Il suffit de tellement peu de choses pour séduire un gars. C’est affolant. Et la voix de la rousse n’est pas pour me déplaire. Moi agressive que celle de la serveuse et aux paroles plus risquées. Est-ce comme cela que l’on hameçonne un type dans les bas-fonds de Tortuga ? Il est vrai que j’ai lancé l’appât, mais cette belle prise ne recule pas.

« Si j’avais uniquement besoin d’un con et de formes mélodieuses pour m’amuser, peut-être que je m’y serais adressé, ouais. Mais y’a aussi c’que t’a là-dedans qui m’intéresse. »

Répliquais-je d’abord à la blonde si pâle qu’on la croirait absente. Le paradoxe entre ces deux jeunes femmes m’étonnait sévèrement. Mais, bien entendu, j’avais posé ma main sur ma propre tête – et plus spécifiquement sur mon front – pour lui signaler ce que je cherchais. Jusque-là, soyons clair, aucun attouchement. Même s’il pouvait semblant qu’en revenant à elle, avec mon petit sourire, je dévorais la plus proche des yeux, je n’avais strictement eu aucune attaque personnelle à leur intention. Pas physique. Mon corps se déplaça vers elle, cette femme de pourpre aux propos si défiants.

« Ce serait avec plaisir que je m’occuperais de toi et de ta petite gueule d’ange, mais quelque chose me dit que ça ferait trop de jaloux. »

Je garde cette expression d’amusement sur mes traits, tout en sachant qu’il va falloir faire très attention maintenant. Devrait venir le moment d’annoncer la couleur et aller au-delà des mots, en parlant directement de ce qui m’amène dans le coin. Je ne peux pas rester éternellement à observer la populace qui menace ou attend la suite des évènements. Mon coup d’œil pour ces autres ivrognes laisse présager que leur jalousie envers moi pourrait être tant au niveau de ma personne que de mon emprise, si modeste soit-elle, sur ces demoiselles que je côtoie. Que diraient-ils si je leur piquais cette charmante colombe ? Ou cette serveuse qui doit en faire saliver plus d’un ? Voire les deux, quitte à jouer de mon influence. Je bois une longue gorgée et reprends tout de même, les yeux dans les seins de la rousse.

« Et puis, deux filles comme vous sur cette île, il doit bien y avoir anguille sous roche… »

Il est temps de reposer mon rhum que je savoure et qui me fait du bien. Boire en agréable compagnie, même dans des conditions qui frisent la mort imminente, c’est le début du bonheur.

Elle n’avait pas tort, Elizabeth. A force de vivre dans la merde avec cette bande d’imbéciles, elle allait irrémédiablement finir par se retrouver comme eux. Sans intérêt et enfoncée dans l’alcool jusqu’au cou. Une perspective qui ne l’enchantait guère, pauvre Colombe. Et, ces mots prononcés par son amis avaient un goût nouveau, quelque chose de si attirant, bien trop.

« C’est bien beau, mais tu voudrais que je fasse quoi ? »

Elle-même n’en savait trop rien. Juste cette envie de fuir, toujours. Être ailleurs, tout sauf ici. La richesse et la gloire, mais comment l’obtenir ? La question se posait et pour l’heure, elle n’avait toujours aucune certitude. D'autant plus que cette interrogation, pour l'heure, risquait fort de rester sans réponse, l’attention des deux demoiselles finalement captivée par un grossier personnage. Ah, il n’était peut-être pas aussi laid que la bande de saoulard présents, mais son langage lui n’avait rien à leur envier.

Le rire de son amie tira un sourire en coin à la rouquine, qui toujours gardait son regard rivé sur le type qui les avait abordées. Qu’est-ce qu’il pouvait bien leur vouloir, de toute façon ? Vu de ses paroles précédentes, rien de bien reluisant, quoi qu’elle n’était pas forcément totalement contre. Mais dit avec tant de vulgarité, c’était perdu d’avance pour lui. Et pourtant, elle fait comme si Colombe, avec son grand sourire charmeur et sa voix caressant, son minois angélique. Elle entrait dans son jeu pour en mener la danse pourquoi pas; c’était si amusant.

Et le voilà qui se souciait des jaloux ? Oh, si ce n’était pas mignon, ça. Il avait peur de se faire taper dessus à la sortie de la taverne ? Bah voyons. Cependant, la demoiselle devait bien avoué avoir remarqué quelques regards de la part des autres clients qui laissaient présager une certaine envie face à la situation de ce type toujours inconnu au bataillon. Un fait qui, sans mentir, flattait grandement son égo et sa vanité déjà relativement bien entretenue la plupart du temps. Pourquoi mentir ? Colombe se savait belle et désirable, charmante en bien des points ? A ce niveau-là, ce n’était même plus de la vantardise, juste une vérité jeté en toute franchise ! Même si être désiré par une bande de rats sales et pervers n’avait rien d’un compliment.

Ainsi, lorsque enfin il cessa de parler, la jolie rousse eut un sourire un peu plus présent, et un doux rire. Oui, elle avait bien envie de s’amuser un peu, ce soir. Toujours cette gaité insensée qui l’avait prise en arrivant ici, et qui visiblement, n’était pas décidée à la quitter de sitôt.

« Tu sais, tu auras beau leur parler, ils ne risquent pas de te répondre. » Le tout glissé sur un ton rieur, en le voyant si absorbé par la contemplation de son décolleté bien fourni, remontant d’ailleurs son visage à sa hauteur, ses doigts glissés sous son menton.

Sans lui demander la permission, s’enfonçant un peu plus dans ce jeu qui peut-être deviendrait dangereux, en profita ensuite pour venir prendre place sur ses genoux, passant un bras autour de sa nuque. Et encore, ce sourire, si délicieux.

« Des filles comme nous ? C’est pas franchement pas gaité de cœur que je reste dans ce trou. J’ai juste pas le choix. » Une moue vint accompagner et confirmer ses propos, tandis qu’elle jouait avec une mèche sombre de l’inconnu :

« Et toi alors ? C’est pas souvent qu’on en voit, des types comme toi dans l’coin. »

Un regard doucement glissé à son amie, un sourire plus doux à son attention plus sincère aussi, alors qu’elle lui glissait une demande, d’un ton guilleret, bien trop :

« Allez, ressers-le, je suis sûr que ce monsieur a très soif ~ »

C’était si facile à berner, un homme.

HRP : Buuh, c'est clairement pas mon meilleur post, et je m'en excuse platement, vuala ;;

Il y avait un million de façon de changer son destin, son présent et malheureusement pas son passé. C'est pourquoi il fallait agir sur le moment afin de ne pas laisser la vie choisir pour nous,afin de ne pas laisser le passé, ce boulet que beaucoup traînait, devenir plus lourd. Alors comment, c'était à elle seule de choisir. Il est vrai que Elizabeth avait bien sa petite idée en tête mais elle ne pouvait pas lui en faire part ici. Bien trop d'oreilles indiscrètes traînaient dans les environs.

«On est maître de sa vie. A toi de décider. »

Elle ne parla pas de son idée. Non, cela ne servait à rien de susciter la curiosité de Colombe maintenant.Tu repartis dans les directions opposées reprenant inlassablement ces routes de virages afin de livrer ce qui était à livrer.

***

Derrière le comptoir tu écoutais la conversation qui se faisait principalement entre cet inconnu et Colombe. Elle semblait assez s'amuser , ce qui était bien. Elle s'amusait mesquinement. C'était là son domaine, sa façon de vivre. Mais toi, toi ce mec t'horripilait. Tu ne souhaitais qu'une chose que ce manège s'arrête. Colombe était tombée dedans, volontairement ou sans s'en rendre compte ? Tu optas pour le fait qu'elle le manipulait.

Elle marquait un point. Ce genre de gars n'était pas du coin. Et c'était ça l'anguille sous roche. C'est ce qui t'embêtait un peu. Il n'était pas là pour faire du tourisme et même si tu riais à l'amusement de ton amie, ton regard ne trompait pas. Tu ne le trouvais pas amusant et finalement ta patience prit fin. Tu déposas une choppe de Rhum devant lui en tentant de lire sur son visage son identité. De peur qu'il ne répond pas à Colombe, tu repris :

« Alors, qu'est-ce qui vous mène ici ? ~»

J’observais ces filles, leur discussion, leur attitude. Et en même temps, un plan s’échafaudait dans ma tête. C’était assez amusant de se dire que tout se déroulait comme je l’avais entendu, que les mots usés avaient marché, aussi crus soient-ils. Tant mieux, elles n’étaient pas farouches. Elles n’allaient pas s’enfuir dès les propos suivants énoncés, alors. Il en venait même une, cette charmante rousse, qui ne s’en faisait plus. Sur mes genoux, elle avait rompu la distance et passé le stade du contact. Elle me touchait, doucement mais sûrement, avec ses airs de jeune femme tentatrice. Etonnant et intriguant. La serveuse s’était éloignée. Ce devait être l’occasion idéale de creuser la piste de cette fille à la rouge crinière. Aussi, je l’écoutais, mais ça ne suffirait pas. Pas même pour avoir le temps de répondre. La boucle était bouclée quand la blonde revenait. Les questions me revenaient. C’était à moi de parler.

« Oh, vous savez… les eaux sont vastes mais on finit toujours par arriver à terre. Et le hasard m’a mené ici, après avoir perdu mon équipage, dans cette ville aux allures de tas de déchets.»

Je plisse les yeux, observe encore celle qui m’a commandé un verre, alors que la seconde l’apporte. Drôle d’ambiance. À force de broder, je vais finir par me retrouver à raconter n’importe quoi et ne pas avancer.

« Du coup, je cherche un gars. Mais on dirait que je suis tombé sur deux belles croupes et des sourires bien enjôleurs…»

Je dis ça et mes gestes s’y joignent. Je caresse la cuisse de la rousse et vient humer sa chevelure. Je m’amuse de l’avoir sur moi mais connait les limites à tenir. Par exemple, lorsque je prends ma chope, je bois une simple gorgée et m’emplois à la lui tendre, un léger sourire aux lèvres moi aussi.

« P’tet que vous le connaissez, le type. Il se fait appeler « le roi des pirates » ou Barbe-Noire…»

Ma voix traîne. Le nom est lâché. Autour de moi, je sens la tension monter d’un cran. J’espère sincèrement que très peu l’ont entendu. De toute façon, je vérifie discrètement que mon pistolet est là, ainsi que mon sabre à la ceinture. Je suis capable de riposter à toute attaque personnelle, mais mon but est de rester discret, de parvenir à gagner le concours de ces demoiselles sans déclencher une émeute. La serveuse est probablement moins apte à se laisser corrompre. Pour une fois que je le fais gentiment…

« Tu sais, tu n’aurais pas grand-chose à faire pour pouvoir quitter cet île maudite…»

Je murmure à l’oreille de Colombe, effleurant ses cheveux par la même occasion. Mon regard, toutefois, se porte sur l’autre. Se protègent-elles mutuellement ? Elles pourraient très bien se méfier de moi ou jouer un jeu. Et si elles connaissaient personnellement Barbe-Noire ? Et si le piège consistait juste en ce fait, qu’elles me démasquent et me donnent au vieux pirate ? Ce serait une manière comme une autre de l’approcher. Mais les suggestions que je compte faire à celle qui se tient sur moi son sûrement plus efficaces et un moyen bien plus adroit. Je l’emmènerais dans une chambre, s’il le faut. Reste à savoir à quel point elle jouera son rôle, et quand sa collègue interviendra, en bien ou en mal.

» Le second de Barbe Noire. ~
» Beach pliz ~ - Colombe - (Quiconque le veut pourra s'inclure après elle)
» La blanche colombe et le...crapaud (pv Colombe)
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