[terminé] Le Sloop William frappe même à quai || Jules Blossom, James Wood

Le Sloop William avait accosté non loin de Santa Rosalia quelques temps auparavant. Honnêtement, j’étais impatiente de rejoindre la ville. Ca faisait des jours qu’on naviguait en espérant tomber sur un navire marchant en vain. Oh on en avait bien vu passer un ! Il était magnifique et sûrement qu’il nous aurait beaucoup rapporté mais il y avait un navire assez imposant de la marine non loin et notre équipage n’était pas au complet, on a préféré se retirer.
Sauf que je ne comptais pas en rester là, j’avais envie d’or moi ! Et de bijoux ! Piller ces sales riches qui gardent tout pour eux et qui rechignent même à donner une modeste pièce à un mendiant. Du coup je me disais qu’il y avait de fortes chances pour retrouver ce navire qui nous avait échappé au port de la ville, et je n’avais pas eu tord !
Je m’accroupie derrière un tonneau et observe le bateau marchant jeter l’ancre : on arrive à l’heure ! Je jette un coup d’œil à ma droite et lance un sourire complice à ma camarade Jules Blossom, elle aussi était partante pour dérober à ce bateau tout ce qu’il possède de précieux. Oh on aurait pu être plus nombreuses mais alors on aurait été moins discrètes…
Je fais un rapide état des lieux : deux marines à l’entrée du port qu’on a déjà passé, des marchants déjà en train de décharger. Or, nous les pirates, savons très bien que ce qui est précieux est ce qu’on décharge en dernier, et ça se trouve dans la cabine du capitaine. Reste à trouver comme y entrer.
Le navire est immense, ce sera donc plus facile pour se cacher, c’est un bon point. L’autre point positif c’est que Jules et moi sommes cachés près de l’arrière de bateau, qui est toujours l’endroit où se trouve la cabine du capitaine. D’ailleurs, les fenêtres au premier étage sont bien jolies, non ?

Je donne un léger coup de coude à l’autre pirate pointe du doigt les fenêtres. Reste juste à savoir si on va réussir à embarque dans le navire sans se faire remarquer !
J’attrape un des tonneaux qui nous entoure, le soulève légèrement du sol et me déplace le plus rapidement possible, à moitié courbée, pour le mettre le plus près possible du bateau. Pendant que Jules réagit, j’enlève la corde d’autour de mon cou, prend le grappin dans ma main gauche (oui, je suis gauchère oooouh partisan du maaal !) et le lance avec le savoir faire d’une pro. Malheureusement, la chute du grappin provoque un énorme bruit, je reste immobiles quelques instants histoires que les matelos du navire se rassurent. Je me tourne vers Jules avec un sourire triomphant :

« Héhé ! À toi l’honneur poulette ! »

Pourquoi poulette ? Aucune idée…

Le Sloop William frappe même à terre

Ah ! Un peu d'air frais. Santa Rosalia n'était plus très loin. Il est vrai que j'adore naviguer, mais j'ai aussi envie de me dégourdir les jambes ailleurs que sur le pont d'un bateau. Et puis... Pour moi, simple cuisinière en manque d'aventures, je commençais sérieusement à m'ennuyer. Là, en train de faire cuire encore quelques poissons pour ces demoiselles affamées. Il semblerait qu'un matelot ait entendu mes prières. Rosie Smith. La belle Rosie. Une jolie blonde, comme moi. Et débrouillarde en plus de ça, le mieux dans tout ça, c'est qu'elle avait une idée de tonnerre pour me faire quitter cet ennui qui me prenait en mer calme. Allez foutre un peu de bordel au port de Santa Rosalia. Quelle idée excitante !
Ce navire, celui qu'on a ciblé, était vraiment une bonne idée, j'avais déjà hâte d'y aller. Et Rosie avait raison pour le coup, on l'a retrouvé au port. C'est là, toutes les deux planquées derrière un tonneau que nous regardions le possesseur de notre butin. Enfin, l'ancien possesseur ! Parce que bientôt ! Il sera à nous. Oh j'en salivais d'avance, tout cet or ne pouvait pas appartenir qu'à ces riches, nous aussi on à le droit à notre part de richesse ! Oui... J'avais vraiment hâte de me lancer là dedans. Rapidement, je portais mes mains à mes hanches pour vérifier que mes deux dagues sont toujours accrochées à la large ceinture de cuir que je porte au dessus de mon pantalon beige/sale. Elles sont là. Le prolongement de mes bras. Si combat il doit il y avoir, moi je suis pour le combat furtif !

J'observe les fenêtres, lance un nouveau sourire complice à ma « collègue » puis attend qu'elle lance le grappin pour me faufiler au près d'elle sans être vue. Discrète et silencieuse comme à mon habitude. Le bruit me fait froncer les sourcils et j'avoue angoisser légèrement. Mais c'est cette angoisse qui me fait tenir debout, j'adore ça. On attend un peu, puis on peut se lancer. Au surnom qu'elle me donne, je hausse un sourcil, surprise.

Poulette ? T'es sérieuse ?

Je secoue un peu la tête, amusée, puis je saisit la corde entre mes mains abîmées et commence mon ascension. C'est pas très long, c'est facile de grimper à la corde et rapidement me voilà à l'arrière du bateau, cachée derrière un gros panneau de bois. J'inspecte rapidement les environs, personne d'assez près pour nous voir. Deux marines non loin de la cabine du capitaine seulement. Ah ils pensent être tranquilles... Ils vont moins rire quand on va agir !
Je reviens alors vers le grappin et me penche par dessus bord pour faire un deux avec mes doigts et lui signifier que je ne vois que deux personnes, puis je lie mon pouce et mon index pour lui dire que tout est ok et qu'elle peu monter. Raaah vite vite vite. J'ai les dagues qui me démangent. Mais je ne peux rien faire sans qu'elle soit à côté de moi et je n'oserais pas prendre trop d'initiatives pour le moment. Je suis nouvelle, et c'était son idée après tout.

« Poulette ? T’es sérieux ? »

J’accentue mon sourire et la regarde grimper, rapide et efficace. Haha, ne sous estimez jamais les pirates, même lorsque c’est les cuistos !
Mon cœur bat fort toute la durée de son ascension, l’adrénaline me rend nerveuse et c’est mauvais, je risque de commettre des erreurs. Je me concentre sur ma respiration pour me calmer jusqu’à ce que je la voie réapparaître. Deux, Ok.
À toi de jouer maintenant. Je porte ma main à mon pistolet à silex dans mon dos pour m’assurer qu’il est bien fixé, je l’ai chargé d’un coup avant de partir mais recharger serait trop long, d’ailleurs c’est trop bruyant alors je dois éviter de m’en servir. J’ai également pris une épée malgré que je préfère les petites lames, je sais que Jules préfère également les petites et je n’ai pas voulu prendre le risque de nous désavantager face à des gens armés d’épées, de toute manière j’ai toujours ma petite lame attachée près de ma cheville si je suis désarmée.
J’attrape la corde de mes deux mains, assure ma prise et me laisse tomber vers la paroi du bateau. Souple sur les pieds, oublie pas, si non ça fait du bruit.
Je monte agilement et glisse aux côtés de ma collègue, ramenant la corde dans le bateau. J’hésite un instant à la prendre, ça peut être utile mais c’est bien encombrant… Tant pis je la laisse là, on se débrouillera sans.

Je remarque rapidement les deux marines près de la porte, comme elle l’avait indiqué. Ils sont contre le mur et on n’a donc aucune manière de les surprendre, ça va forcément faire du bruit. Dommage…

« Va falloir être rapide dans la cabine du capitaine, les autres vont se ramener rapidement. »

« Un chacune. »

Je sors doucement l’épée du fourreau en faisant le moins de bruit possible, mon cœur semble faire un boucan infernale tellement je suis excitée.
Sans attendre un instant de plus je me jette sur le plus éloigné des deux et avant même qu’il ait le temps de réaliser il avait le ventre percé et un chiffon dans la bouche pour étouffer ses cris. Je le laisse glisser doucement à terre et vérifie que Jules s’en sort. Absolument aucun problème.
J’actionne la poignée de la porte, sans savoir ce que j’allai trouver derrière : des marines, les capitaine, personne ? Je me faufile derrière la porte en laissant la place à Jules pour entrer.

Le Sloop William frappe même à terre

Une fois qu'elle est remontée je la regarde et souris en coin, elle est débrouillarde aussi celle là. Mon sang pulse dans mes veines, particulièrement sur mes tempes et dans ma poitrine, je le sens ça bat, fort. Si fort. C'est l'excitation, c'est tellement bon tout ça. J'ai hâte de passer à l'action. Elle ramène la corde et l'abandonne là, si on a le temps, je la récupérerait, vaut mieux pas laisser des souvenirs de notre venue. On a de la chance jusqu'à maintenant, pourvu que cela dure.

Quand elle me parle encore, je me contente de hocher la tête, saisissant une de mes lames de la main gauche. J'aurais besoin de mon autre main pour autre chose. Toutes deux, nous nous glissons chacune vers notre cible et j'oublie ce que fait Rosie pour s'occuper de ma propre cible. Furtive, je me glisse dans son dos aussi légère qu'une plume. Je plaque ma main sur sa bouche et sans plus de cérémonie je lui tranche la gorge, accompagnant le corps dans sa chute pour qu'il ne fasse pas trop de bruit. Je fixe ses yeux ouverts, brillants sous la souffrance. Puis lui plante une dernière fois ma lame dans le front, d'un coup sec. Ensuite je me redresse, les cheveux tombant devant mon visage je jette un coup d’œil à Rosie, elle gère sa situation, très bien. Je fouille le corps de mon mort et lui pique sa bourse de doublons et l'accroche à ma ceinture alors que je lui chipe ses bijoux. Un médaillon et une bague qui semble porter un joli diamant. J'en salive d'avance. Je planque mon butin dans ma besace et me redresse.

Quand il faut y aller, faut y aller. J'ai l'odeur du sang dans les narines, j'ai envie d'aller plus vite, de crier, de me défouler. Mais faut continuer, on doit prendre ce qu'il y a ici coûte que coûte. C'est elle qui ouvre la porte. Quand je le peux, j'entre et me glisse directement derrière un meuble. Au bout de la cabine assit à son bureau est assit un homme assez gros. Il est armé et semble doué de sa lame. Je ne sais pas qui c'est, mais dans tous les cas, il est en train de compter de jolies pièces d'or. Il en a tout un joli coffret. J'en devine un second posé à l'autre bout du bureau.
J'ai un plan. Je regarde Rosie et lui fait signe d'attaquer par la gauche, j'attaquerais par la droite. Je retire le foulard que j'ai dans les cheveux et me glisse en première derrière l'homme, suivie de près, je l'espère, par mon amie pirate. Une fois assez proche, je me redresse et plante une de mes dague dans sa main, posée à plat sur le bureau. La dague se plante dans le bois, traversant ainsi la main potelée de l'homme. Tout aussi rapidement je lui passe mon foulard dans la bouche le bâillonne alors que de mon autre main je saisis ma deuxième dague pour la lui passer sous la gorge.

Alors... ? On en fait quoi de celui là?

Je regarde encore son bureau sans bouger de ma place, j'ai trop peur qu'il sorte son arme et me blesse. Je jette un coup d'oeil à Rosie et rit faiblement.

C'est qu'il a l'air d'avoir un joli pactole le gros.

Une fois la porte passée, je jette un coup d’œil rapide à l’homme qui s’y trouve. Vous savez c’est le genre de type super gros super riche super arrogant qui vend ce qu’il a acheté deux fois plus cher et qui achète la moitié d’un bordel juste pour lui. Répugnant.
Jules prend l’initiative et me désigne la gauche, je la suis en tentant d’être aussi discrète qu’elle, marchant là où le sol est le moins abîmée pour ne pas produire de grincement. C’est un succès car à l’instant même où l’homme nous remarque il se fait transpercer la main et étouffé par un mouchoir.
Voyant qu’elle maîtrise, je détends mes muscles et m’autorise enfin à respirer.

« Alors... ? On en fait quoi de celui là? »

Je me penche vers lui pour mieux l’observer, tuer un marchant si riche pourrait nous attirer de sérieux ennuis, plus que si on lui laisse la vie sauve mais… on est des pirates, qu’on le tue ou non si on nous attrape on sera exécutées. Ce porc doit déjà savoir qu’il va mourir, par les mains de femmes haha !
J’attrape une poignée d’argent, l’épée toujours dégainée de ma main gauche et observe de près les pièces. C’est pas de la rigolade, on a vraiment eut de la veine sur ce coup là !
Sûrement résigné à mettre fin à ses jours le pauvre malheureux arrache sa main de l’emprise de Jules pour la repousser avec celle-ci et crier de toutes ses forces de l’aide. Immédiatement je lui plante l’épée dans la gorge. Je ne m’attarde qu’une seconde à contempler le sang couler de ma lame et lance un regard entendu à Jules.

« Là, ils nous ont forcément remarqués. Sale porc. Prend tout ce que tu peux ! Je m’occupe de ce coffret. »

Je courre chercher la corde et la détache du grappin d’un coup d’épée, en profitant pour faire un état de la situation : des ordres criés. Les deux marines qui étaient à l’entrée du port sont déjà en train de courir vers nous. Arg salaud !
Je m’élance à toute vitesse vers la cabine du capitaine et attache la corde autour du coffret de façon à ce qu’il ne s’ouvre pas puis l’attachant à ma ceinture. J’attrape mon pistolet par le canon et m’en sert de masse pour péter les belles vitres du navire : puisqu’on est déjà repérées…

« Je crois qu’il va falloir qu’on nag… »

Je n’ai pas le temps de terminer ma phrase qu’un cri survient dans mon dos, je me retourne à temps pour parer l’épée d’un matelot courageux.
Je mets fin à ses jours efficacement puis bondit vers la porte pour retenir le plus possible les assaillants et laisser du temps à Jules. Fini l’furtif !

Le Sloop William frappe même à terre

Oui tout se passait bien. Jusqu'à ce que ce gros porc décide de se faire du mal pour parvenir à me repousser. Bousculée je tombe avec violence contre la paroi, me prenant au passage le coin du bureau dans les côtes. Et vous savez, ça, ça fait terriblement mal. Un gémissement plaintif s'échappe d'entre mes ourlets de chair rosés. Je secoue la tête puis me redresse sur toute ma hauteur pour voir la gorge du gros porc transpercée. Je souris en coin, un petit sourire sadique. J'admire son corps légèrement parcouru de spasmes alors que l'odeur de son sang de porc envahit mes narines. Je secoue la tête alors, il faut faire vite, on a plus beaucoup de temps, parce que là, on est repérées c'est certain !

Pendant que Rosie est partie chercher la corde, j'ouvre grand a besace que je porte en travers de mon corps et pille tout ce que je trouve, objets en or, quelques bourses de doublons, je pique celle du cadavre, lui prend tous ses bijoux et me redresse à temps pour voir Rosie réapparaitre avec la corde et saucissonner le coffret plein d'or.

C'est la Capitaine qui va être contente.

Mais pas le temps de penser à ça malheureusement ! Je pensais que nous allions plonger dans l'eau et perdre un peu de notre butin, mais au lieu de ça, un cri retentit et Rosie se défend comme une déesse. Réactive, je me met accroupie et sort mes deux dagues, une dans chaque main. Tuer est une chorégraphie que je connais par cœur, Papa m'apprenait chaque jours comment manier la dague, comment bouger son corps entre les assaillants afin d'éliminer sa cible. Je ne suis pas parfaite, mais je me débrouille plutôt bien. Un matelot de mort grâce à Rosie, et le second, se prend une lame dans le cœur, l'autre dans le front. Grâce à moi. Trois autres arrivent bientôt et je vois au loin les Marines qui vont bientôt embarquer.

Et merde ! Ils sont nombreux!

J'arrive à esquiver le prochain qui arrive et lui planter ma dague dans la cuisse mais un autre en profite pour m'écorcher le bras avec sa propre lame. Surprise, mon sang coule le long de mon bras et ça me lance pas mal. Je grogne et lâche un cri de rage lorsque je saute sur le fameux matelot pour lui planter une dague dans chaque œil, puis lui trancher la gorge. Je me relève haletante. Il reste deux matelots et les deux marines qui arrivent.

Ros' faut qu'on se bouge de là !

« Ros' faut qu'on se bouge de là ! »

Je pare une lame et jette un coup d’œil derrière-moi, elle a raison, on va pas tenir longtemps comme ça. Or je suis encore trop près du groupe de marine pour leur tourner le dos et sauter. Je sens le pistolet dans mon dos, c’est ma seule option pour gagner un peu de temps, de toute manière si on saute la poudre va être mouillée et donc inutilisable.
Je pousse l’épée adverse avec la mienne de toutes mes forces pour le faire reculer, saute un pas en arrière, tire mon pistolet et actionne le mécanisme sans chercher à viser. Je suis mauvaise tireuse mais même ainsi ce n’est pas grave, c’est presque à bout portant et c’est un effet de panique que j’ai cherché à produire. Je courre vers la fenêtre avant même encore d’avoir tourné la tête et crie à Jules :

« Plooooonge ! »

Je la vois plonger avant moi et saute à sa suite, dans un plongeon parfait afin de pouvoir gagner le plus de distances possible dans l’eau.
Arg, la partie agréable de l’adrénaline est passée, maintenant je suis anxieuse : notre but est de ne pas se faire attraper et là ils nous tirent dessus. Je nage près des autres bateaux à quai afin de me rendre moins visible sous l’eau. Je n’ai pas le temps de vérifier que Jules me suis, je dois me mettre à l’abri, si je m’arrête une seconde je sais qu’on risque de se faire avoir.
Pourtant je me rappelle que Jules s’est blessée et je reste inquiète, je passe alors en dessous d’un navire pour me cacher derrière, hors de portée des tires. On a pas mal nagé, ça devrait être assez éloigné.
Je me retourne alors, à la recherche de ma collègue.

Le Sloop William frappe même à terre

Quand faut y aller, faut y aller ! Pas question de se faire avoir si proche de notre but ! Mais je suis blessée et il y a bien trop de monde, on est en désavantage. Il faut qu'on fuit. Je la vois sortir son arme et quand elle me hurle de plonger, j'obéis sans me poser de question. Je saute dans l'eau, la tête la première, dans une grande chute. L'eau est rafraîchissante, ça fait du bien pour calmer toute cette adrénaline. J'entends Rosie atterrir dans l'eau alors que j'essaye de nager rapidement, un bras blessé, laissant quelques nuées de sang sur mon sillage. Je nage le plus vite que je peux, mais avec ce trésor et mon bras blessé je suis bien ralentie.
Je vois Rosie me dépasser et partir vers un bateau. Il faut que je la suive mais j'ai du mal, l'eau salée pique sur ma plaie. Je grogne un peu et tente de ne pas me faire tuer par leurs balles. J'ai repéré vers quel bateau elle s'était dirigé et je plonge à nouveau sous l'eau pour l'y rejoindre quelques minutes plus tard. Quand je remonte à la surface, cachée, je la regarde, les joues rouges.

Putain j'suis blessée ça fait un mal de chien!

Mais au moins, on a notre trésor, mon visage énervé s'efface pour laisser place à un visage heureux, vainqueur. On l'a ! Mais je devrais me méfier, a chaque fois que je crie victoire, il se passe toujours un truc qui va pas. Autant rester sur ses gardes, les marines ne nous lâcherons pas de sitôt, on en a tué du beau monde là.

Il faut qu'on se casse d'ici et qu'on retourne au Sloop William, sinon on est mortes...

Mais par où passer quand on est coincées comme ça derrière un bateau avec la marine aux trousses ? Je resserre la lanière de mon sac sur mon épaule le butin pèse lourd sous l'eau. Je regarde autour de moi, inquiète, on entend au loin des interjection... On nous cherche.

De l’agitation dans le port. Ma somnolence donc n’aurait jamais le loisir de durer bien longtemps. Pas moyen de dormir ou de boire un coup tranquillement. Dans un accès d’agacement, je soupire. Ne peut-on même pas profiter un peu d’être à quai pour ranger son cerveau et se mettre en veille ? Je n’y crois pas. Un coup de feu claque, qui plus est. À moins que… non, il y en a d’autres. Je plisse les yeux, assis sur mon lit au fond de ma cabine. Approchant du hublot, je ne vois rien. En l’ouvrant, j’entends mieux, néanmoins. À partir de là, il me semble évident qu’il va falloir sortir de là.
Ma porte s’ouvre bientôt à la volée et je tombe sur mon second. Ce dernier voulait certainement m’avertir de ce qu’il se passe. L’air grognon, je ne lui adresse même pas la parole. Un simple signe de la main et je passe, longeant le rang de soldats de la marine alignés là. Pas une œillade pour eux. Je prends simplement la longue vue qui m’est tendue et cherche d’où viennent les tirs. Oh, bon dieu, ils tirent sur nous ?! Ah, non… Baissant la lentille et scrutant l’eau, je vois que les balles s’écrasent à la surface. Ils ont dû voir quelque chose. Hmm… tout ça ne me dit rien qui vaille. Sans regarder l’homme qui me sert de porte-objet, je lui rends son matériel et marche vers le pont. Le port semble s’agiter un peu trop. Des gars courent un peu partout. Des arquebuses viennent rejoindre les autres. Mes sourcils froncés, je tourne la tête à droite, à gauche. En bas…

« Eh bien, mesdemoiselles, est-ce que je peux vous être d’une quelconque utilité ? »

Ma voix couvre les canonnades. Je crie à l’attention de ces étranges sirènes qui nagent là, collées à la coque de mon navire. J’ignore ce qu’elles font là mais, les bras croisés, je les surplombe de plusieurs mètres et ne peux qu’avoir l’ascendant sur elles. D’un signe, sans me retourner, un pied sur le bord du bateau et le corps penché en avant, j’attire mon second. Je lui murmure quelques mots qu’il connait déjà, ce qui le rend apte à réagir vite.

« L’échelle. »

La situation dans le port me parait étonnamment tendue. Ces deux jeunes filles, que je crois reconnaître comme telles d’après la longue blondeur de leur chevelure, sont visiblement chargées. Des fugitives, peut-être. Enfin, nous verrons bien. Levant les yeux, je constate encore l’agitation alentour. La Marine va probablement me laisser prendre la situation en main.

C'est avec soulagement que je vois réapparaître mon amie Jules. Je passe un bras sous le sien blessé pour la soutenir tant que je peux.

« Il faut qu'on se casse d'ici et qu'on retourne au Sloop William, sinon on est mortes... »

J'acquiesce de la tête et observe sa blessure, c'est pas si grave mais ça doit pas faire du bien, elle doit pas être facilité pour nager.

« Tu veux que je te porte des choses? »

Je regarde autour de moi : on est à l'opposé du qg de la marine [ hs: je viens d'apprendre qu'il était au port~ mais sont tous en congés ], le seul moyen de s'en sortir c'est de courir vers la ville et de perdre les marines dans le dédale de rues, pas facile avec les vêtements mouillés, surtout qu'il faudrait traverser toute une zone à découvert...
Je me mords les lèvres en tentant de réfléchir au plus vite lorsque je suis interrompue par une voix qui s'élève au-dessus de nous :

« Eh bien, mesdemoiselles, est-ce que je peux vous être d’une quelconque utilité ? »

Mignon le type, mais je doute que ce soit un allié. Je regarde Jules jusqu'à capter son regard puis regarde fixement la sortie du port pour lui faire comprendre que c'est plutôt là-bas qu'il faut aller.
JE ne sais pas si le type est un marine un marchant mais qu'il soit l'un ou l'autre il y a peu de chance pour qu'il nous apprécie, et puis dans son bateau nous serions coincées, mieux vaut tenter d'escalader. Si je trouve une prise sur le mur (ce qui devrait pas être bien compliqué) elle n'aura pas de mal à escalader et alors il lui suffira de me tendre son bras valide pour que je me hisse à mon tour.

Le Sloop William frappe même à terre

De nouveau avec Rosie, je la regarde et garde finalement le silence par la suite, m'appuyant un peu contre elle. Le sel, piquait ma plaie mais au moins il a réduit les saignement bien que l'eau de mer soit reconnue pour creuser encore plus les plaies. Rapidement, je reprend mon foulard tâché du sang du vieux porc pour le serrer autour de mon bras. Ah, ça soulage. Je me redresse dans l'eau, et réajuste ma besace sur mon épaule.

Non c'est bon merci, je suis habitée à porter des poids. Ne nous ralentissons pas.

J'avais pensé que nous aurions pu nager tous le long du port jusqu'à trouver un endroit assez éloigné pour retourner sur terre et nous faire toutes discrètes, parce qu'il est certain que de courir mouillées avec elle, un coffret au bout d'une corde et moi une besace pleine de bijoux et de pièces d'or. C'est pas l'idéal. Je sursaute en entendant la voix d'un homme et lève ma tête, il est loin et le soleil m'éblouis mais je suis certaine qu'il ne faut pas lui faire confiance. Je grogne un peu et suit le regard de Rosie. J'acquiesce et me rapproche d'elle dans l'eau, la plaquant contre le rebord du port pour souffler à son oreille.

Je m'appuie sur toi pour grimper, je te hisse et on cours droit vers la sortie okay ? On ne s'arrête pas, pour rien au monde.

Je dépose un baiser sur sa joue puis m'appuie contre elle afin de me hisser contre ce mur. Rapidement, je suis à quatre patte sur la terre ferme et me penche vers elle et la hisse rapidement vers moi, en lâchant un gémissement de douleur à cause de mon bras. Maintenant, une fois qu'elle est debout, je lui lance un regard complice me lance avec elle, en courant vers la sortie du port. C'est notre seule chance, se perdre dans la ville...

Apparemment, ça ne va pas se passer comme ça. Je penche la tête, ne comprenant évidemment pas tout. Qu’est-ce qu’elles font ? Durant un temps, je ne saisis pas bien ce qu’il se passe. Au loin, les marins, matelots et autres poursuivants contournent les flots pour essayer de couper toute possibilité de retraite pour les femmes. Hmm, je vois… Sans savoir qui elles sont, je me doute un peu qu’elles ont dû froisser ces gens-là et qu’elles ne trimbalent pas sur elles leurs parures habituelles. Quelque chose me dit donc qu’il va falloir agir. Je déteste ça, mais autant préciser que quand je fais une chose, je le fais bien. Me reculant, après les avoir vu s’éloigner en longeant le navire, je croise les bras de nouveau et scrute mon équipage. La moitié attend que je réagisse, que je dise quelque chose. L’autre approche avec l’échelle de cordes ou s’affaire sur le pont. Pas la peine de les en empêcher ni de déranger quiconque. Il y a suffisamment d’hommes à terre pour ne pas fatiguer inutilement les miens. Alors, paisiblement, je vais auprès du mât central, non loin de mon hamac, là où il m’arrive fréquemment de disposer un petit coffre et mon fameux pistolet. En parfait état de marche, chargé de poudre. J’en ai même deux, l’autre trônant dans le fond de la boîte et n’attendant que mes vérifications.

« Lieutenant, veillez avertir les garde-côtes que je les veux vivantes. À moins qu’il n’y ait déjà quelqu’un sur l’affaire, je m’occupe de ces demoiselles. Et puis, la hiérarchie prime, n’est-ce pas ? »

Ce n’est qu’en terminant mon inspection du bijou à feu parfaitement équilibré que je tourne les yeux vers lui. Un petit sourire en coin. Déjà, il acquiesce et va trouver des gars pour leur donner des instructions. Je ne veux pas entendre un seul coup de feu en dehors des miens. Les ordres seront rapidement donnés. Il n’y a pas de grand navire de la marine dans le bord en dehors du mien, il me semble. Et le haut commandement n’est visiblement pas dans la place. Mon manteau sur le dos, braquemard à la ceinture, pistolet à la main, l’autre dans mon froc, je descends donc. Ça court de partout, comme si la fin du monde était annoncée. Mais j’ai localisé les dames d’un coup d’œil. Elles ne peuvent partir que par là-bas. Je vais donc faire un détour pour prendre un peu d’avance…

Lorsque Jules énonce ce que j'avais en tête je suis déjà prête à la réceptionner et l'aider à se hisser hors de l'eau, on a eut la même idée comme quoi c'était vraiment la seule solution envisageable.
Je plaque ma main gauche contre le mur et trouve une prise assez solide que j'agrippe fermement. Je lève un peu mon genoux pour lui faire comme une marche avec la continuité de mon épaule et lorsqu'elle est au-dessus de moi j'essaie même de la soutenir avec ma main libre même si elle n'en a pas besoin. On n'est jamais trop prudente. Une seconde plus tard j'attrape sa main et monte à toute vitesse sur le rebord. À peine ai-je posé un pied sur le sol qu'on s'élance vers la sortie visible en tentant de faire fis de nos lourdes fringues.
Même si on est rapide on ne peut pas éviter tous les marines et rapidement on se retrouve à croiser le fer avec des marins. Sûrement des petites frappes puisqu'ils étaient loin d'être vigilent, un croche-patte et le marine que j'affronte ce retrouve cul à terre. Jules et moi n'avançons pas rapidement mais sûrement, jusqu'à ce qu'on se retrouve face au pirate qui nous a interpellé tantôt. Il affiche un calme et une assurance qui me serre le cœur, là c'est sûr que ça va être d'un autre niveau que le type que j'ai fais tombé piteusement. Les autres marines se sont même arrêtés de nous courir après, semblant totalement confiant envers le captaine.
J'attrape mon épée dans la main droite et non la main gauche, je ne suis pas encore ambidextre mais j'arrive à me débrouiller et s'il n'a pas été trop perspicace je devrais pouvoir profiter d'un effet de surprise, ce qui n'est pas négligeable. Je jette un coup d'oeil à Jules, les sourcils froncés. A-t-elle aussi compris qu'il n'est pas un adversaire insignifiant ?
Je recule légèrement mon pied gauche afin de trouver mon point de stabilité. Éviter le combat serait plus astucieux... Jules, moi et le type sommes entourés par 7 marines exactement, il ne semble pas y en avoir d'autre qui arrivent. La sortie est derrière le gars. La stratégie c'est pas mon fort, je préfère l'action mais 8 adversaires à deux dont le captaine c'est pas franchement faisable, va falloir que je fasse marcher mes neurones.
Jules dis-moi que t'as une idée...!

Le Sloop William frappe même à terre

La fuite c'est cool quand on est dans la merde. Encore faut-il réussir à fuir. Plus nous avancions, plus nous voyions du monde. Et là moi, je me dis qu'on est cuites, ça y est, je ne serais jamais une grande pirate, ce truc devait être mon plus beau coup de ma jeune carrière. Bah non. Je resterais qu'une cuistot, fille d'une tavernière, et d'un pécheur pirate. Ouais, vie de merde. Mais je ne compte pas rendre les armes, Jules se défend bien et moi aussi malgré mon bras blessé. Je grogne en donnant des coups au marines qui nous entourent et étrangement je trouve qu'ils retiennent leurs coups, il pourraient nous tuer d'une balle dans la tête mais ils ne le fond pas. C'est là qu'une idée me vint. Ils ne veulent pas nous tuer. Je surveille un peu Rosie, regardant si elle s'en sort. Un coup de poing dans la tronche d'un marine, une dague plantée dans le ventre d'un autre. Puis d'un coup, silence. Il est là, devant nous, le mec lumineux que je n'arrivais pas à voir. Séduisant, mais terrifiant. C'est peut être ça qui le rend attirant. Son calme olympien me perturbe alors que moi, je suis haletante et sanguinolente. Rosie est prête à se battre. Moi aussi, je suis à l'affut.

Qu'est ce que tu veux?!

Lentement, je fais glisser ma besace de mon épaule à celle de Rosie. Qu'elle tente de fuir avec le butin, moi je me charge du reste. S'il tente quoi que ce soit, je lui saute dessus, toutes dagues sorties, rien à foutre. Je garderais mon trésor, coûte que coûte et ne salirait pas la réputation du Sloop William. Je m'avance alors de quelques pas, défiant le capitaine du regard, d'après ce que j'ai compris, il a assez de pouvoir hiérarchiques pour faire s'arrêter tous les autres. Je le défis du regard, qu'il me prenne moi, après tout, j'ai le sang des marines sur mes mains, et sur mes dagues encore, même quelques giclures sur le visage.

Tu veux me tuer ? Tues-moi.

La partie risque d’être drôle. Et serrée, avec ça. Ces deux jeunes filles à l’identité encore indéfinie me semblent assez bien manier la lame. Plusieurs marines sont tombés, d’autres reculent, tandis qu’un petit nombre s’avance encore courageusement pour tenter de leur barrer la route. Mais cela parait plus fou qu’autre chose. Quelqu’un pourrait-il les arrêter ?
Moi ? Oh, moi, je me suis contenté de faire le tour du port, de longer les flots pour arriver là où elles devaient passer. Sauf qu’évidemment, mon but est qu’elles ne passent pas. Et si j’en crois mon propre avis, elles ne passeront pas. Pas par là, en tout cas. Approchant doucement, mon pistolet à la main, pointé vers le ciel, je me réjouis de leur fougue.
Il est vrai qu’elles sont trempées, ralenties, fatiguées, mais encore pleines de vie. Ce genre de détail me semble rare. Je penche la tête en les observant, encore à distance respectable. Ça se tasse un peu, puisqu’elles sont encerclées.

« Est-ce à moi que vous parlez, jeune femme ? »

Grognant doucement en scrutant chaque partie du corps des demoiselles, je pince des lèvres. Bon, j’imagine qu’il va falloir mettre la main à la pâte. Sauf que je n’aime pas ça plus qu’autre chose. Mon truc à moi, c’est de planifier. C’est de faire des plans, de prendre des décisions et d’envoyer les gars au casse-pipe à ma place. Evidemment, quand faut y aller, faut y aller, et je gère plutôt bien. L’escrime c’est sympa. Mon arme personnelle tient pourtant plus de la défense que du Berserker. Avec, je suis habitué à subir les attaques, les repousser, faire passer le temps et épuiser l’adversaire. Mes assauts sont souvent définitifs. Un coup suffit à faire lâcher l’arme et m’assurer la victoire. Mais contre d’aussi jeunes et jolies blondes, ne serait-ce pas de trop ?

« Il serait bien triste de vous tuer, mademoiselle. Le sang a bien assez coulé pour aujourd’hui. Croyez-vous vraiment que vos actes ô combien héroïques alimenteront les discussions des habitants de cette île plus longuement que la nouvelle de votre mort... »

Sans me départir de cette expression non-souriante, je la fixe et laisse un blanc. Les gars, autour, sont calmes eux aussi. Ils attendent, sabre à la main, en garde. Mon braquemard vient combler le cercle de fer pointé sur elles. J’ai dégainé.

« … ou celle de votre camarade ? »

Le clic significatif de mon arme à feu se fait entendre lui aussi. Je pointe la seconde blonde. Quel dommage d’en arriver là face à de si poignantes jeunes filles…

Jules avait en effet un « plan », mais pas vraiment ce que j’avais espéré ! Parler au type et me passer le butin. Comme si j’allai la laisser là ! Non mais n’importe quoi !
Une chose est sûre, elle a l’air bien décidé. Le captaine nous scrute et je crache au sol, même s’il n’y a pas de lubricité dans son regard je n’aime tout de même pas ça, être jugé. Il parle de notre mort, de ma mort semble-t-il puisqu’il pointe son pistolet sur moi. Euw ? J’hésite à lui sauter dessus immédiatement avant qu’il ait eut le temps de vraiment préparer son coup mais j’entends le « clic » distinctement, c’est déjà trop tard.
À la recherche d’une solution, je finis par poser mon regard sur le sol, il est humidifié par l’air marin, je ne pourrais donc pas l’aveugler avec. En revanche...
J’attrape mon pistolet à ma ceinture et lui balance dessus en visant sa tête tout en me mettant de profil et faisant un saut en arrière pour réduire la probabilité d’être touchée sur une zone vitale s’il me tire dessus. J’espère que Jules aura réagit aussi vivement que moi. D’ailleurs, comme si ça pouvait l’aider à s’activer, je lui crie son nom dans la foulée.

« Jules ! Bouge ! »

À deux on a plus de chance d'être efficaces que seules.

Le Sloop William frappe même à terre

Il ne me dit rien qui vaille ce mec, je le sens. Je ne dois pas l'impressionner beaucoup. Je toise avec aigreur, mes yeux verts clairs se plantant dans les sien. Pour qui il se prend ce gars sérieusement ? Il croit qu'il est indispensable à notre vie ? Que sans lui Santa Rosalia serait dans le chaos ? Ah ! Sans les mecs comme lui, Santa Rosalia serait à nous et nous serions enfin les rois ! De notre petit monde certes, mais rois quand même. Je plisse le nez, mes armes fermement tenues dans mes petites mains. Mes lèvres frémissent par l'énervement et la peur qui me tord mais c'est tellement bon.

Bien sûr que c'est à toi que je parle. A qui veux tu que je m'adresse ? Ces idiots sous tes ordres?!

Je devais le provoquer, l'énerver, qu'il jette son dévolu sur moi et non sur Rosie, je serais prête à me sacrifier pour Le Sloop William, après tout... Je ne suis qu'une simple cuisinière, elle, elle est vouée à devenir une grande pirate. C'est pas un acte de bravoure que je fais, je ne fais pas ça pour la gloire, j'veux juste qu'il laisse Rosie tranquille. D'après ce que je comprend de son discours, cet homme ne compte pas nous tuer, du moins c'est l'impression qu'il me donne. Mais Rosie, moins patiente, ne semble pas d'accord. En même temps, je la comprend, je réagirais pareil si j'avais une arme à feu visée sur moi. Elle agit vite et je me décale sur le côté lorsqu'elle lance son arme, elle hurle mon prénom. Merde, maintenant qu'il sait mon prénom, il me retrouvera facilement. Putain, crevée pour crevée, je lance un petit regard à Rosie et sans réfléchir plus longtemps je saute sur le bras brandit du capitaine pour le faire s'abaisser, tombant alors à genoux au sol, juste devant lui, maintenant son bras et son arme tendue vers ce sol si humide. Je déglutis, je crois que j'ai signé mon arrêt de mort.

Pars ! Cours vite ! C'est bon je me débrouille !

Et maintenant ? Maintenant mon regard se pose sur l'homme devant moi, je lève le visage, la lèvre inférieure tremblante. Si je ne peux le tuer avec mes armes, mes yeux le font maintenant.

Gérer une jeune fille est une chose. En gérer deux en est une autre. Il est vrai que si les deux demoiselles s’étaient montrées plus dociles, avec moins d’hostilité dans le regard, j’aurais pu en tirer quelque chose. Je ne veux pas leur mort, après tout. C’est par moi que passe irrémédiablement leur salut, mais elles ne l’ont pas compris. Pensent-elles vraiment que la marine va les laisser courir impunément ? Hmm… si ça se trouve, oui. C’est ça le pire. Bref, je n’ai pas le temps de m’exaspérer moi-même avec ces questions. Une arme vole vers moi. Dans un mouvement du buste pour l’éviter, rejetant ma tête en arrière, je suis surpris. C’est là que le bât blesse. Je n’ai pas le temps de relever mon arme ni de tirer. La seconde petite blonde, celle qui réagit de manière plutôt agressive, est déjà sur moi. Elle m’immobilise plus ou moins. Si j’avais fait feu, nul doute que je n’aurais manqué sa copine. En ce qui concerne le tir, jamais de ne manque ma cible. C’est bien là l’un de mes avantages. Je sais être extrêmement patient, mais je trouve aussi toujours le bon moment pour frapper. Sauf que voilà une jolie preuve d’un dément courage.

« Eh bien, mademoiselle, en voici une action bien sotte. »

J’ai une main libre. Ne l’a-t-elle pas vu ? Soutenir mon regard c’est une chose, et je ne prétends pas qu’il soit autrement que fixé sur elle, empreint de lassitude et de morne résolution. Mais elle n’a strictement rien à gagner par ce fait.
Alors mon bras qui tient ma lame s’abat. Sur elle, sur sa tête, la crosse vient violemment pour heurter sa tempe. Sans hésitation, je décide qu’il faut mettre fin à cette mascarade.

« Saisissez-vous de l’autre. »

Laquelle des deux aurais-je préféré avoir en ma compagnie, je ne saurais le dire. Mais il semblerait que l’une d’elle se soit jetée dans la gueule du loup. C’est donc un regard pour ainsi dire dénué d’expression que je lève sur la blonde restée debout. Il est tout de même triste de les voir manquer à ce point de réflexion et ne point être capable de se décider. Cela pourrait leur jouer des tours à l’avenir, voir dès à présent. Enfin bon, il est temps de ranger mon deuxième pistolet à la ceinture et d’attendre que ces fureteuses capitulent sous le nombre.

Jules a trop bon cœur, elle aurait dû lui sauter dessus pour le renverser au sol, là il aurait eut moins de facilité pour répliquer. Or elle a plus pensé à l’empêcher d’agir, c’est de la défense. Toujours attaquer.
Impuissante, je le vois abaisser son épée sur elle. À cet instant-là je sais déjà que c’est fini pour Jules, je ne suis pas capable d’affronter ce type seule pour le moment et je n’ai pas d’autre choix que de prendre la fuite, les marines sont de plus en plus nombreux, si je reste une minute de plus je suis foutue.

« Saisissez-vous de l’autre. »

Comme électrifiée, je rapporte mon pied vers moi et attrape ma petite dague par la lame. Je jette mon bras en arrière puis en avant, visant le marine qui me barre la route vers la flotte. Elle se plante en plein entre ses deux yeux et vu la force et la vitesse avec laquelle la dague à volée je ne doute pas une seconde de l’avoir eut. Les pistolets c’n’est pas vraiment mon fort mais avec une dague, je ne rate que très rarement ma cible.
Je cours vers lui le plus vite que je peux, passe par dessus en récupérant ma dague au passage et bondis dans l'eau dès que je suis assez près du bord. Je plonge le plus profond dans l’eau et me meus dans l’eau lentement afin de ne pas faire de remous et me camoufler tant que possible. Normalement il ne pourra pas me rattraper. Je m’en fais énormément pour Jules mais il ne l’a pas tué et c’est plutôt un bon signe, si elle n’est pas de retour demain au navire je chercherai une manière de l’aider à sortir de là. Je n'préfèrerai pas bien sûr car ça veut dire en parler à notre capitaine à nous... c'est délicat.

Le Sloop William frappe même à terre

Oui. J'étais profondément débile d'avoir agit égoïstement et comme ça en fait. Mais bon tant pis, au moins je sauvais le butin et Rosie. Soit j'arriverais à m'en sortir, soit le Sloop William me retrouverait... Oui tout irait bien pour moi et ce n'est pas la peur qui me tordait le ventre qui arrivera à me persuader du contraire. Rosie allait s'en sortir et c'était ça le principal. Je regardais ce beau capitaine droit dans les yeux, insoumise, une chatte d'eau de mer, une pirate sauvage, prête à mordre.
Mais même les chattes se font avoir, même les pirates se font battre, et je pense que cet après midi, j'ai perdu. Je le sais quand je le vois dégainer je ne sais quelle arme et que qu'il me dit que mon action était sotte.

Ça en valait la peine.

Toujours agrippée à son bras, ma prise se raffermi alors que mes yeux se révulsaient pour que mon corps devienne soudainement vide. Je me sentais partir et la douleur me lançait. Quel enfoiré. Je fais tout pour rester accrochée à son bras et finalement ma tête tombe en avant, le front posé contre sa cuisse. Un mouvement de sa part et je m'étale par terre, déjà totalement inconsciente.

Lorsque la jeune fille s’effondre, je sens son poids sur moi et ça me bloque un peu. Je ne peux tout de même pas sauter sur celle qui s’enfuit en ayant une première fuyarde entre les doigts. Alors, au lieu de ça, je laisse ces bons vieux marins faire le reste du boulot. Tout en sachant pertinemment qu’ils auront un mal de chien à s’en sortir face à celle qui leur tient tête, je n’interviens pas. Il serait bête de la prendre maintenant alors qu’elle se sait en état de faiblesse. C’est là tout l’art de la guerre. Quand il existe la possibilité d’une échappatoire, laissez-la miroiter à l’ennemi. Ça n’aura jamais coûté qu’une vie supplémentaire, au lieu des sept, huit ou neuf destinés à mourir initialement. Je suis content de moi, sans l’afficher ouvertement. Nous dirons que j’ai évité un massacre. Voilà quel sera mon rapport. En attendant, alors que cette blonde fuit, je ne prends pas la peine de dégainer pour la pointer. Sous l’eau, elle est temporairement à l’abri.

« Vous mènerez des recherches. Trouvez quels dégâts elles ont occasionné, dénichez leur navire, puis vous viendrez me raconter tout ça. »

Je me penche, m’accroupis et passe ma main sur la tempe de l’idiote écroulée. Elle est salement amochée mais reste un joli brin de fille. Son cœur bat encore, visiblement, au moins dans sa jugulaire. Bien. Je la hisse sur mon épaule, ramassant ses armes que je balance à la flotte et m’en retourne vers mon antre. La pêche aura décidément été bonne, aujourd’hui…

» Le MacBride a encore frappé (James Wood)
» Pluie et glissades [James Wood]
» [Terminé] Better play your cards right [Victoria]
» Honneur, justesse et fierté font un homme. - William Kenway
» Le capitaine et la captive [PV Jules]

[terminé] Le Sloop William frappe même à quai || Jules Blossom, James Wood

[terminé] Le Sloop William frappe même à quai || Jules Blossom, James Wood

Sujets similaires

Sujets similaires